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que pour prouver qu’elle est souvent abusive, & que les cas où elle pourroit être indiquée, sont très-rares. En premier lieu, elle ne peut être pratiquée que relativement aux glandes sublinguales & maxillaires. 2°. On ne doit l’entreprendre que lorsque les moyens de résoudre ont été insuffisans, & qu’il y a une véritable induration ; & même dès que la glande dans cet état ne sauroit incommoder l’animal, la tentative est inutile. 3°. Le corps glanduleux, dont nous proposons l’extirpation, doit être seul, détaché & nullement adhérent à des parties qu’il seroit dangereux d’intéresser. 4°. Enfin, si le gonflement de ce même corps est un symptome de quelque maladie qui affecte toute la masse des humeurs, il est facile de comprendre que cette opération n’y remédiera point, puisque nous négligerons de remonter à la véritable source ; nous pourrions d’ailleurs donner lieu à une fistule, ou à un ulcere abreuvé de l’humeur dégénérée, & dont les suites seroient plus funestes que celles que nous aurions pû redouter de l’état de la glande extirpée.

Voici néanmoins le manuel de cette opération. Je suppose que le cheval soit placé & assujetti dans une attitude convenable. Pincez, soûlevez, & détachez la peau de la glande. Coupez-la de maniere que votre incision soit longitudinale, & que l’ouverture soit proportionnée au volume & à la forme du corps glanduleux. Saisissez ensuite un des bords de cette même incision, & avec un scalpel séparez parfaitement le tégument de ce même corps. Revenez à l’autre bord, & agissez-en de même ; la superficie de la glande étant nettement à découvert, prenez-la avec une érigne, tirez-la à vous, faites écarter par un aide les bords de la peau incisée ; disséquez cette petite masse dans toute sa circonférence & dans la partie inférieure ; emportez-la enfin entierement. Le pansement qui suit l’opération est très simple, & se fait à sec ; introduisez donc dans la plaie une certaine quantité de charpie que vous maintiendrez, en refermant l’ouverture avec des fils que vous aurez passés dans les bords du tégument coupé. Si vous appercevez une régénération surabondante, dorez votre charpie avec l’égyptiac, levez votre appareil tous les jours, en un mot traitez cette plaie comme vous traiteriez une plaie simple. (e)

EGLANTIER, ou ROSIER SAUVAGE, cynorrhodos, (Jardinage.) est une espece de rosier assez haut, épineux, qui croît dans les haies & dans les buissons : ses feuilles ressemblent à celles du rosier, sa fleur est simple, à cinq feuilles de couleur blanche & incarnat, un peu odorantes. Le fruit qui lui succede est oblong, assez gros, & devient rouge en mûrissant. On l’appelle grattecul ou cynorrhodon ; il renferme des semences entourées de poil qui s’attachent aux doigts, & y causent des demangeaisons. (K)

Eglantier ou Rosier sauvage, connu aussi dans les boutiques sous le nom grec de cynorrhodon, qui signifie rose de chien. (Pharmacie & Matiere médicale.) Les fleurs de cet arbrisseau, ses fruits, ses semences, sa racine, & l’éponge qui croît sur ses branches, sont célébrées par tous les Pharmacologistes.

Les fleurs passent pour être astringentes ; l’eau que l’on en retire par la distillation est réputée excellente dans les maladies des yeux.

Les fruits, communément appellés grattecul, sont estimés pour être légerement astringens, & en même tems apéritifs & diurétiques. On en fait la conserve connue sous le nom de conserve de cynorrhodon. Elle se prépare ainsi :

Prenez des fruits d’églantier mûrs, autant que vous voudrez ; partagez-les par le milieu, & séparez-en exactement les pepins & le duvet qui les accompa-

gne ; étant mondés, mettez-les dans un vase & arrosez-les d’un peu de vin. Gardez-les en cet état deux

ou trois jours, pendant lesquels un petit mouvement de fermentation qu’ils éprouveront, les amollira au point de pouvoir facilement, après avoir été pilés dans un mortier de marbre, passer à-travers un tamis de crin, à la maniere des pulpes.

Prenez de cette pulpe ainsi passée au tamis, une demi-livre ; de sucre blanc, deux livres : pilez-le fortement avec la pulpe pour l’y mêler exactement ; & si la conserve vous paroît trop molle, faites-la dessécher à petit feu jusqu’à ce qu’elle ait la consistance requise. Voyez Conserve. On peut aussi faire cuire le sucre avec un peu d’eau jusqu’à ce qu’il soit en consistance de tablette. Voyez Tablette. Alors on le mêlera avec la pulpe décrite ci-dessus ; par ce moyen on aura une conserve plus unie, plus glacée. La Pharmacopée de Paris prescrit, au lieu d’eau, une décoction de racine d’églantier pour faire la cuite du sucre. Cette conserve est fort en usage parmi nous, mais bien moins à titre de remede qu’à titre d’excipient. Voyez Excipient. On l’employe dans les bols, dans les pilules, dans les opiates, dont elle lie très-bien les ingrédiens.

Comme cette conserve est d’un doux-aigrelet fort agréable au goût, on peut en donner aux convalescens à titre d’analeptique, sur-tout dans les cas où l’on voudroit exciter un peu les urines. Voyez Doux, Diurétique, & Régime.

Les semences ou pepins qui se trouvent dans le grattecul sont vantés par quelques auteurs comme un excellent remede contre la gravelle. Dans ce cas, on fait une émulsion avec deux gros de ces pepins & quelque décoction ou infusion appropriée, ou bien on les donne en poudre au poids d’un gros dans un verre de vin.

Il y a des observateurs qui assûrent avoir guéri des hydropiques desespérés, par l’usage d’une tisanne faite avec les fruits entiers de cynorrhodon.

La racine de l’églantier a été recommandée par les anciens comme un excellent antidote contre la morsure des animaux enragés, & contre l’hydrophobie qui en est la suite. On la fait prendre intérieurement rapée au poids d’un gros, d’un gros & demi, ou bien on en prescrit la décoction ; on donne même à manger la racine fraîche au malade.

L’éponge d’églantier que l’on appelle bedeguar, est employée par quelques medecins comme un astringent, soit en substance, soit en infusion. On en fait des gargarismes pour les ulceres de la bouche & du gosier : on la célebre aussi comme un spécifique contre les goîtres, si après l’avoir brûlée dans un pot de terre fermé & l’avoir réduite en poudre, on en met tous les soirs en se couchant une pincée sous la langue. On continue ce remede pendant plusieurs mois, & on prétend qu’il opere des cures singulieres. Cette préparation n’est qu’une poudre de charbon. Voyez la fin de l’article Charbon. (b)

EGLISE, s. f. (Théolog.) selon les Théologiens catholiques, c’est l’assemblée des fideles unis par la profession d’une même foi & par la communion des mêmes sacremens, sous la conduite des légitimes pasteurs ; c’est-à-dire, des évêques, & du pape successeur de S. Pierre & vicaire de Jesus-Christ sur la terre.

La plûpart des hérétiques ont défini l’Eglise conformément à leurs opinions, ou de maniere à faire croire que leurs societés particulieres étoient la véritable Eglise. Les Pélagiens disoient que c’étoit une société d’hommes parfaits, qui n’étoient souillés d’aucun péché. Les Novatiens, qu’elle n’étoit composée que des justes qui n’avoient pas péché griévement contre la foi. Les Donatistes n’y admettoient que les personnes vertueuses & exemtes des grands