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de S. Grégoire, on ne voit point d’autre élévation de l’hostie que celle qui se fait à la fin du canon, en disant per ipsum & cum ipso & in ipso ; ce qui n’empêche pas que l’adoration aujourd’hui en usage à l’élévation ne soit bien fondée, puisqu’il est de foi qu’au moment que le prêtre prononce les paroles de la consécration, le corps & le sang de Jesus-Christ se trouvent réellement présens sous les especes du pain & du vin, ce qui suffit pour lui attirer l’adoration des fideles ; car c’est principalement par le dogme qu’il faut juger des cérémonies. (G)

ELEVATOIRE, s. m. instrument de Chirurgie dont on se sert pour relever les os du crane, qui déprimés ou enfoncés par quelque coup ou chute, compriment la dure-mere ou le cerveau.

On trouve dans les anciens la description & la figure des élévatoires, dont on faisoit usage de leur tems, & que la Chirurgie moderne a proscrits, parce qu’on couroit un risque évident d’enfoncer les os qui devoient soûtenir l’effort de ces instrumens. Ceux qui sont actuellement le plus en usage, sont des leviers de la premiere espece, dont le point d’appui est au milieu, le fardeau à une extrémité, & la puissance à l’autre.

La longueur d’un élévatoire est d’un demi-pied ; sa composition est de fer très-poli, relevé de pommettes dans le milieu ; les deux extrémités forment chacune une branche courbée à sens opposé, ce qui fait un instrument double. Ces branches sont différemment courbées ; les unes étant presque droites, les autres un peu courbes, & quelques-unes fort coudées, parce que le coude sert quelquefois de point d’appui. Le bout de chaque branche est arrondi ou ovale aux uns, quarré aux autres. Le dedans de l’extrémité de chaque branche est garni de petites cannelures transversales qui sont faites comme des petits biseaux couchés les uns sur les autres. Voyez les fig. 14 & 15. Pl. XVI.

La main doit être la force mouvante & le point d’appui des élévatoires dont on vient de faire la description, parce qu’en appuyant le levier sur la partie de l’os opposée à celle qu’on veut relever, on l’écraseroit si elle résistoit beaucoup ; & on l’enfonceroit sur la dure-mere, si elle offroit peu de résistance. Pour se servir de cet instrument, on l’empoigne avec les quatre doigts de la main droite par le milieu de son corps, le pouce appuyé à l’opposite, on passe ensuite l’extrémité antérieure sous la piece d’os qu’on veut relever, observant d’appliquer les petits biseaux contre sa partie intérieure : le doigt index sert de point d’appui dans l’action de relever l’os enfoncé : il faut soûtenir extérieurement avec les doigts de la main gauche la portion d’os sous laquelle l’élévatoire agit.

Feu M. Petit, sachant que la main qui a assez de force pour l’opération dont on parle, peut n’avoir pas assez de fermeté & de précision pour empêcher que le bout de l’élévatoire ne s’échappe, ce qui pourroit occasionner des accidens, a fait construire un nouvel élévatoire, dont la main n’est point l’appui. Il s’agissoit de trouver sur le crane un appui pour le levier, le plus près qu’il est possible de l’os qu’il faut relever, & il falloit que cet appui fût sur un plan solide pour soûtenir sans se rompre l’effort qu’on fait pour relever l’enfonçure.

Dans ces vûes, M. Petit a fait fabriquer un chevalet (Pl. XVII. fig. 2.) dont les deux jambes appuient sur le crane, on leur donne le plus de surface qu’il est possible pour rendre l’appui plus stable, & afin que l’effort que l’os doit soûtenir soit partagé sur une plus grande étendue de sa surface. Ces extrémités sont garnies de chamois, tant pour les empêcher de glisser que pour qu’elles ne fassent aucune impression sur l’os. A la sommité du chevalet se trou-

ve une entaille (fig. 2. n°. 2.) qui reçoit une petite

piece de fer terminée en vis. Cette vis (fig. 2. n°. 3.) est destinée à entrer dans des trous tarraudés qui sont à la surface de dessous le levier (fig. 2. n°. 4.) ; par ce moyen, le levier est fixé sur le chevalet par une charniere qui permet les mouvemens de bascule.

Si à raison d’un grand fracas d’os ou du peu d’étendue de la plaie, il étoit impossible de placer le point d’appui sur les os découverts, on a un plus grand chevalet dont les branches peuvent s’appuyer au-delà des bords de la plaie. Voyez la figure de ce nouvel élevatoire, Planc. XVII. fig. 2. n°. 1. on en trouve la description plus étendue dans le premier volume des mém. de l’acad. de Chirurg. Cet instrument a paru susceptible d’être perfectionné. On voit dans le second volume des mémoires de la même académie, des remarques sur la construction & l’usage de l’élevatoire de M. Petit, par un autre académicien. (Y)

ELEVE, s. m. (Philosoph. & Arts.) celui qui est instruit & élevé par quelqu’un, qui est formé de la main d’un autre dans quelqu’art ou dans quelque science. On donna ce titre à Paris, lors de la fondation des académies des Sciences & des Inscriptions, aux sujets qui y étoient aggrégés, & qui travailloient de concert avec les pensionnaires. Mais ce mot d’éleve signifioit seulement moins d’ancienneté, & une espece de survivance ; cependant on lui a substitué depuis celui d’adjoint, qui est en effet beaucoup plus convenable.

On peut voir au mot Académie, par quelle raison ce titre mal sonnant d’éleve fut supprimé. On a mieux fait encore dans l’académie des Inscriptions que dans celle des Sciences ; on n’y a point fait de classe d’adjoints, & en général l’on a conservé beaucoup plus d’égalité dans la premiere de ces académies, que dans la seconde ; cependant cette égalité si précieuse & si essentielle dans les compagnies littéraires, n’est parfaite que dans l’académie françoise ; les grands seigneurs se trouvent honorés de n’y être admis qu’à titre de gens de Lettres, & de s’y voir placés à côté des Voltaire, des Montesquieu, des Fontenelle, &c. Il n’y a dans cette compagnie ni éleves, ni adjoints, ni associés, ni pensionnaires, ni honoraires ; on y est persuadé que les vrais honoraires d’une académie, sont ceux qui lui font honneur par leurs talens & par leurs ouvrages ; que tout le monde y est éleve, ou que personne ne l’est, parce qu’il n’y a personne, ou du moins qu’il ne doit y avoir personne qui n’y reçoive & qui n’y mette tout-à-la-fois ; que les pensions attachées à certains grades, & que les différens grades eux-mêmes ont de très-grands inconvéniens, sont nuisibles à l’égalité, à la liberté, à l’émulation, à l’union, & aux égards réciproques.

Le nom d’éleve est demeuré particulierement consacré à la Peinture & à la Sculpture ; il signifie un disciple qui a été instruit & élevé dans l’école d’un célebre artiste : c’est pourquoi on se sert du mot d’école pour désigner les éleves d’un grand peintre ; & on dit dans ce sens, l’école de Raphael, du Titien, de Rubens. Voyez Ecole, & l’article suivant. (O)

ELEVE, s. m. terme de Peinture. Eleve & disciple sont synonymes ; mais le dernier de ces termes est ordinairement d’usage pour les Sciences, & le premier pour les Arts. On dit, Platon fut disciple de Socrate, & Apelle fut éleve de Pamphile. Il seroit à souhaiter que les Philosophes ne fussent disciples que de la sagesse & de la raison, & que les Peintres ne fussent éleves que de la nature, il y auroit moins d’artistes & de philosophes ; peut-être la Philosophie & les Arts n’y perdroient-ils pas : cependant il faut avoüer qu’un maître habile & intelligent qui abrege la route épineuse des connoissances qu’il possede, &