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reservata Cæsarea : c’est 1°. le droit des premieres prieres, jus primariarium precum, qui consiste dans la nomination à un bénéfice de chaque collégiale : 2°. le droit de donner l’investiture des fiefs immédiats de l’Empire : 3°. celui d’accorder des sauf-conduits, lettres de légitimation, de naturalisation, des dispenses d’âge, des lettres de noblesse, de conférer des titres, &c. de fonder des universités : 4°. d’accorder des droits d’étaples, jus stapuli, de péages, le droit de non evocando, de non appellando, &c. cependant ce pouvoir est encore limité.

Les empereurs ont prétendu avoir le droit de faire des rois : un auteur remarque fort bien, que « ce ne seroit pas le moindre de ses droits, s’il avoit encore celui de donner des royaumes ».

Les empereurs d’Allemagne, pour imiter les anciens empereurs romains aux droits desquels ils prétendent avoir succédé, prennent le titre de César, d’où le mot allemand Kayser paroît avoir été dérivé. Ils prennent aussi celui d’Auguste ; sur quoi Guillaume III. roi d’Angleterre, disoit que le titre de semper Augustus étoit celui qui convenoit le mieux à l’empereur Léopold, attendu que ses troupes n’étoient jamais prêtes à entrer en campagne qu’au mois d’Août. Il prend aussi le titre d’invincible, de chef temporel de la Chrétienté, d’avoüé ou défenseur de l’Eglise, &c. En parlant à l’empereur, on l’appelle sacrée majesté. Il porte dans ses armes un aigle à deux têtes, ce qui est, dit-on, un symbole des deux empires de Rome & de Germanie. (—)

EMPERIERE, s. f. (Hist.) vieux mot qui répond à ce que nous entendons aujourd’hui par impératrice. On le trouve en ce sens dans nos romans gaulois, & par extension nos anciens rimeurs l’avoient aussi consacré à exprimer une sorte de rime, qu’ils regardoient comme la rime de toutes les autres. Voyez Rime.

Cette rime impériere consistoit en ce que la syllabe qui formoit la rime, étoit immédiatement précédée de deux syllabes semblables & de même terminaison ; ce qui faisoit une espece d’écho qu’on appelloit triple couronne, & qu’à la honte de notre nation (ainsi que s’expriment quelques auteurs modernes) les plus fameux de nos anciens poëtes, sans en excepter Marot, regardoient comme une beauté.

Le P. Mourgues, dans son traité de la poésie françoise, en rapporte un exemple très-propre à nous faire mépriser le misérable goût qui dominoit alors sur le parnasse françois, où pour exprimer que le monde est pervers & sujet au changement, on croyoit avoit fait merveilles, en disant :

Qu’es-tu ? qu’un immonde, monde, onde.

Voyez Rime. Voyez le dict. de Trév. & Chamb. (G)

EMPESER LA VOILE, (Mar.) c’est la mouiller en jettant de l’eau dessus ; ce qui se fait quand la toile est claire, sur-tout dans les cueilles du milieu, de façon que le vent passe au-travers : alors elle se resserre par l’eau qu’on jette dessus, & la voile prend mieux le vent. (Z)

Empeser, v. act. terme d’Ourdissage & de Blanchissage, c’est donner de la gomme ou de l’empois à des toiles, à des étoffes, &c. pour les rendre plus fermes & plus unies.

EMPESEUR, s. m. celui qui empoise ou empese. Voyez Empeser.

EMPÉTRER, (s’) v. p. Manége, se dit d’un cheval pris ou mêlé dans les traits ; ce qui peut arriver, soit qu’en ruant tout le train de derriere soit sorti du milieu de ces mêmes traits, soit qu’il ait passé une seule jambe au-delà, les traits n’étant point assez tendus, comme on le voit fréquemment, surtout eu égard aux chevaux conduits par de mauvais postillons, soit à raison de quelques autres causes :

il s’agit alors de replacer le cheval ainsi qu’il doit l’être lorsqu’il est bien attelé, en l’obligeant à repasser sa jambe ; c’est ce que nous appellons dépêtrer, démêler un cheval. (e)

EMPETRUM, s. m. (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur sans pétales, composée de plusieurs étamines, & stérile. Les fruits naissent sur d’autres parties de la plante ; ils ressemblent à des baies, & renferment deux ou trois semences osseuses & cartilagineuses. Tournefort, inst. rei herb. Voy. Plante. (I)

Empetrum, (Jard.) bruyere à fruit ou camarigne, est un petit arbrisseau qui croît naturellement en Europe, & que l’on confond pour l’ordinaire avec les autres bruyeres, dont il ne differe que par son fruit. On ne connoît que deux especes de cet arbrisseau.

I. La bruyere à fruit noir. Cet arbrisseau s’étend beaucoup plus qu’il ne s’éleve. Il pousse du pié plusieurs tiges d’une écorce roussâtre, qui rampent par terre & s’étendent au loin. Sa feuille a beaucoup de ressemblance avec celle de la bruyere commune. Ses fleurs qui paroissent au mois de Juillet & qui dure jusqu’à la fin d’Août, n’ont nulle belle apparence ; elles sont d’une couleur herbeuse, blanchâtre, & elles viennent en bouquet au bout des branches. Les fruits qui en proviennent sont des baies rondes & noires, pleines de suc, dont les coqs de bruyere se nourrissent par préférence ; ensorte que par-tout où il y a de cet arbrisseau, on peut s’assûrer d’y trouver des oiseaux de cette espece. Les terres mousseuses, stériles, & humides, sont celles où cet arbrisseau se plaît le mieux. Il est si robuste, qu’on le trouve communément sur les plus hautes montagnes de Suede, où M. Linnæus a observé qu’aux environs de la mine de cuivre de Falhun, presqu’aucune autre plante n’y peut croître que cet arbrisseau, à cause des vapeurs sulphureuses de la mine, qui sont très-nuisibles aux végétaux. Pour multiplier cet arbrisseau, il faut en semer les baies peu de tems après leur maturité, dans une place à l’ombre & dans une terre humide ; mais les plants ne leveront qu’au printems de la seconde année : ils seront cependant en état d’être transplantés dès l’automne suivante.

II. La bruyere à fruit blanc, ou la camarigne. Cet arbrisseau s’éleve au plus à deux piés. Il pousse plusieurs tiges droites, menues, & dont l’écorce est brune. Ses feuilles fort ressemblantes à celles des autres bruyeres, sont disposées trois à trois le long des branches. Ses fleurs placées au bout des rameaux comme celles du précédent arbrisseau, n’ont pas meilleure apparence ; mais elles produisent de fort jolis fruits : ce sont des baies perlées, transparentes & d’un goût acide qui plaît beaucoup au menu peuple. L’automne est le tems de la maturité de ce fruit en Portugal, où cet arbrisseau est commun. Les circonstances pour sa multiplication, sont les mêmes que pour le précédent, si ce n’est qu’il faut moins d’ombre & d’humidité pour la camarigne, qui se plaît au contraire dans un terrein sablonneux. (c)

EMPHASE, s. f. (Belles-Lettres.) énergie outrée dans l’expression, dans le ton de la voix, dans le geste.

Emphase se prend ordinairement en mauvaise part, & marque un défaut, soit dans les paroles, soit dans l’action de l’orateur. On dit d’un prédicateur qu’il prononce avec emphase, qu’il regne beaucoup d’emphase dans ses pieces ; & ce n’est sûrement pas un éloge. Quel plus grand supplice, dit la Bruyere, que d’entendre prononcer de médiocres vers avec toute l’emphase d’un mauvais poëte ! (G)

EMPHYSEME, s. m. (Medecine & Chirurg.) εμφυσέμα, inflatio, de φύση, flatus, signifie en en général toute tumeur formée par l’air, ou toute autre matiere fla-