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fonçure de quelques pieces d’os, dont le milieu s’éleve & forme une espece de voûte. Il est nécessaire de connoître la différente signification de ces termes de l’art, pour entendre les auteurs grecs & françois, lorsqu’ils employent les uns ou les autres dans leurs écrits, en parlant des diverses blessures du crane ; il est vrai que la connoissance des mots ne fait pas la sience, mais elle y conduit, elle y sert d’entrée. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Enfonçure de mangeoire. Voyez Mangeoire.

Enfonçure, terme de Tonnelier. C’est ainsi qu’on appelle les douves qu’on employe à faire les fonds des tonneaux. Le mairrain qui sert à la Tonnellerie se distingue en mairrain d’enfonçure, & mairrain à faire des douves ; ce dernier est le plus long, le premier est le plus large. Voyez Mairrain.

Enfonçure, c’est chez les Vanniers un aire qui remplit le fond d’une piece depuis son centre jusqu’à la circonférence.

Enforcir, v. n. (Maréchal.) prendre des forces, devenir fort & vigoureux, ce cheval enforcit tous les jours, il a enforci de moitié & enforcira encore.

ENFORESTER, (Hist. ancienne & moderne.) suivant l’usage d’Angleterre, c’est mettre une terre en forêt royale. Voyez Forêt.

En ce sens, enforester est opposé à desenforester. Voyez Desenforester.

Guillaume le conquérant & ses successeurs continuerent pendant plusieurs regnes d’enforester les terres de leurs sujets ; jusqu’à ce qu’enfin la lésion devint si notoire & si universelle, que toute la nation demanda qu’on remît les choses dans l’état où elles étoient d’origine, ce qui fut enfin accordé, & en conséquence il y eut des commissaires nommés pour faire la visite & l’arpentage des terres nouvellement enforestées, desquelles on restitua le libre usage aux propriétaires, & ces terres desenforestées furent appellées purlieux. Chambers. (G)

ENFORMER, en terme de Chauderonnier, c’est donner en gros à une piece, la forme qu’elle doit avoir quand elle sera finie. C’est proprement ébaucher & distinguer les parties les unes d’avec les autres sans les finir.

ENFOUIR, v. act. (Jardinage.) se dit du fumier qu’on enterre pour faire des couches sourdes, ou des lits qu’on met au fond des terreins qui doivent être effondrés.

ENFOURCHEMENT, s. m. (coupe des pierres.) est l’angle formé par la rencontre de deux douilles de voûte qui se rencontrent ; les voussoirs qui les lient ont deux branches, dont l’une est dans une voûte, & l’autre dans la contigue. Voyez Voute d’areste. (D)

* ENFOURCHURE, s. f. (Venerie.) Il se dit de la tête du cerf, lorsque l’extrémité du bois se divisant en deux pointes, forme la fourche.

ENFOURER, c’est, en terme de batteur, l’action d’envelopper les outils dans des fourreaux. Voyez Fourreaux, pour les empêcher de prendre des formes & des situations desavantageuses.

ENFOURNER, en terme de Boulanger, c’est mettre le pain au four après qu’il est levé pour l’y faire cuire. La grosseur & l’épaisseur du pain détermine le tems qu’on doit l’y laisser ; les pains de quatre, de huit & de douze livres n’y doivent rester que trois quarts-d’heure, ou une heure tout au plus.

ENFUMER. v. act. (Gramm.) c’est exposer à la fumée.

Enfumer, noircir un tableau. Enfumé se dit en Peinture d’un tableau fort vieux que le tems a noirci. Quelquefois on enfume des tableaux modernes pour leur donner un air d’antiquité. C’est une ruse de brocanteur pour tirer parti de la manie de ceux qui ne

veulent pas qu’il y ait rien de beau que ce qui est ancien, ni de vigoureux que ce qui est noir. (R)

ENGADME, (Géog. mod.) vallée de Suisse située dans le pays des Grisons ; elle se divise en haute & basse ; elle est dans la ligne de la Maison-Dieu.

ENGAGE, ou VIF GAGE, s. m. (Jurisprud.) dont parlent les articles 54 & 55 de la coûtume de Bretagne, est un contrat par lequel le débiteur donne à son créancier la joüissance d’un héritage à condition d’en imputer les fruits sur le principal qui lui est dû : ce qui est opposé à l’antichrese ou mort-gage, dans lequel les fruits sont donnés au créancier en compensation des intérêts à lui dûs. M. Hevin a fait une savante dissertation pour établir cette distinction de l’engage d’avec l’antichrese, où il releve l’erreur dans laquelle est tombé M. d’Argentré, qui dit que l’engage est la même chose que l’antichrese du droit Romain. Voyez les arrêts de Bretagne, par Frain, avec les notes d’Hevin, tome I. plaidoyer 77. observation 33. p. 312. Cet engage paroît être la même chose que l’engagement. Voyez ci-après Engagement. (A)

ENGAGÉ. (Commerce) On nomme ainsi aux antilles ceux qui s’engagent avec les habitans des îles pour les servir pendant trois ans. On les appelle plus communément trente-six mois à cause des trois années composées de douze mois chacune pour lesquelles ils s’engagent.

Comme notre commerce d’Amérique, tant dans les îles que dans la terre ferme, ne peut se soûtenir que par le travail de ces engagés, il y a sur cette matiere plusieurs reglemens, & particulierement ceux du 16 Novembre 1716, du 20 Mai 1721, & du 15 Fevrier 1724.

Celui de 1716 assujettit les négocians françois qui envoyent des vaisseaux dans nos colonies, d’y embarquer un certain nombre d’engagés à proportion de la force de leur bâtiment, à peine de deux cents livres d’amende contre ceux qui ne rapporteroient pas des certificats de la remise de ces engagés dans les colonies ; permettant au surplus de compter pour deux engagés tout homme qui sauroit un métier ; comme de maçon, tailleur, charpentier, &c.

L’ordonnance de 1721 convertit le reglement de 1716 dans l’alternative d’envoyer un certain nombre d’engagés, ou de payer pour chacun d’eux la somme de soixante livres à l’Amirauté. Mais les négocians ayant abusé de cette indulgence, en présentant aux bureaux des classes du port de leur embarquement, des particuliers qu’ils disoient engagés, quoiqu’il n’en fût rien, qu’ils renvoyoient après les avoir fait passer en revûe, & pour la décharge desquels ils se contentoient de rapporter des certificats de désertion. Le reglement de 1724 ordonne, que sans nul égard à ces certificats de desertion, les negocians & capitaines de vaisseaux assujettis au transport des engagés payeront 60 livres pour chaque engagé, & cent vingt livres pour chaque engagé de métier qu’ils n’auront pas remis aux îles & dont ils ne rapporteront pas un certificat. Diction. de Comm. de Trev. & Chambers, & réglemens du Comm. (G)

Engagé, ou trente-six mois. (Marine.) On donnoit ce nom en France à ceux qui veulent passer aux îles de l’Amérique pour chercher à travailler & y faire quelque chose, & n’ayant pas le moyen de payer leur passage, s’engagoient avec un capitaine pour trois années entieres, & ce capitaine cédoit l’engagé à quelque habitant des îles qui l’employoit & le faisoit travailler pendant les trois années, après lesquelles il étoit libre. Ce marché ne se fait plus aujourd’hui. Les Anglois passoient aussi des engagés dans leurs colonies, mais l’engagement étoit de sept ans.

ENGAGEMENT, s. m. (Droit nat. Morale.) obligation que l’on contracte envers autrui.

Les engagemens que l’on prend de soi-même envers