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Voyez ff. de pignorat. act. & de pign. & hypoth. lib. I. & cod. etiam ob chirograph. pecun. pign. retin. poss. Decis. de Fromental, au mot Engagement. (A)

Engagiste du Domaine, est celui qui tient à titre d’engagement, c’est-à-dire sous faculté perpétuelle de rachat, quelque portion du domaine de la couronne.

Lorsque le domaine, ainsi aliéné, est tenu & cédé en fief, celui qui en joüit est ordinairement qualifié de seigneur-engagiste, ou engagiste simplement ; mais quand le domaine est cédé en roture, le possesseur ne peut prendre d’autre titre que celui d’engagiste. Voyez ci devant Engagement. (A)

ENGALADE, s. m. (Teinture.) c’est l’action de teindre ou de préparer une étoffe avec la noix de gale, ou le rodoul, ou le fonic. On donne cet apprêt aux étoffes qui doivent être mises en noir ; il consiste à les faire bouillir dans une décoction de ces ingrédiens ; on use ensuite de la couperose. On éprouve l’engalage par le débouilli.

ENGASTREMITHE, ENGASTRIMYTHUS ou ENGASTREMANDE, s. m. ἐγγαστρίμυθος personne qui parle sans ouvrir la bouche, ou sans desserrer les levres ; de maniere que le son de la parole semble retentir dans le ventre, & en sortir.

Le nom d’engastremithe est composé du grec ἐν, dans, γαστὴρ, ventre, & μῦθος, parole. Les Latins disent par la même raison, ventriloquus, quasi ex ventre loquens. Voyez Ventriloques.

Les philosophes anciens sont fort divisés sur le sujet des engastremithes ; Hippocrate parle de leur état comme d’une maladie. D’autres prétendent que c’est une espece de divination, & en donnent l’origine & la premiere invention à un certain Euriclus dont personne n’a jamais rien sû ; d’autres l’attribuent à l’opération ou à la possession d’un esprit malin, & d’autres à l’art & au méchanisme.

Les plus fameux engastremithes ont été les pythies ou les prêtresses d’Apollon, qui rendoient les oracles de l’intérieur de leur poitrine, sans proférer une parole, sans remuer la bouche ou les levres. Voyez Pythie.

S. Chrysostome & Œcumenius font expressément mention de certains hommes divins que les Grecs appelloient engastrimandri, dont les ventres prophétiques rendoient des oracles. Voyez Oracle.

M. Scott, bibliothécaire du roi de Prusse, soûtient dans une dissertation qu’il a faite sur l’apothéose d’Homere, que les engastrémithes des anciens n’étoient autre chose que des poëtes, qui, lorsque les prêtresses ne pouvoient parler en vers, suppléoient à leur défaut, en expliquant ou rendant en vers ce qu’Apollon disoit dans la cavité du bassin qui étoit placé sur le sacré trépié. Voyez Trépié.

Léon Allatius a fait un traité exprès sur les engastrémithes, qui a pour titre de engastremitis syntagma. Dictionn. de Trévoux & Chambers.

Il est très-vraissemblable que les prétendus ventriloques n’étoient que des fourbes ; parce que le méchanisme de la voix ne comporte pas que l’on puisse prononcer des paroles, sans que l’air qui est modifié pour en produire le son, sorte par la bouche & par le nez, sur-tout par la premiere de ces deux voies : d’ailleurs en supposant même qu’il y ait moyen de parler, en retirant l’air dans les poumons, le son retentiroit dans la poitrine & non pas dans le ventre ; ainsi ceux qui produiroient cette voix artificieuse, seroient improprement nommés ventriloques, parce qu’il ne pourroit jamais se faire qu’ils parussent parler du ventre. Voyez Voix.

On pourroit donner le nom d’engastrémithe ou ventriloque aux enfans, que quelques auteurs prétendent avoir fait des cris dans le ventre de leurs meres. On trouve parmi les observations sur la Physique géné-

rale (vol. II.) un extrait du journal des savans, (répub. des Lettres, Août 1686, tom. VII.) dans lequel on atteste un fait de cette espece, & on ajoûte que quelque extraordinaire que soit ce phénomene, on en lit plusieurs exemples dans le livre intitulé Medicina septentrionalis collatitia.

Mais ces prétendus faits sont-ils croyables, dès que l’on est bien assûré que l’enfant ne respire point, & ne peut respirer dans la matrice, où il est toûjours plongé dans l’eau de l’amnios ; sans autre air que celui qui est résolu en ses élémens dans la substance du fluide aqueux, qui n’a par conséquent aucune des propriétés nécessaires pour produire des sons ? Si la chose dont il s’agit est jamais arrivée, ce ne peut être qu’après l’écoulement de cette eau & la communication établie de l’intérieur des membranes avec l’atmosphere, de maniere que l’air ait pû pénétrer en masse jusque dans les poumons de l’enfant, & le faire respirer avant qu’il soit sorti de la matrice : mais, dans ce cas, il faut qu’il en sorte bien-tôt pour survivre, autrement les membranes flotantes venant à s’appliquer à sa bouche & à son nez, pourroient le suffoquer avant qu’il fût sorti du ventre de sa mere. Voyez Respiration, Fœtus. (d)

ENGEL, (Docimast.) poids fictif usité en Angleterre. Voyez Poids.

ENGELURE, s. f. (Medecine.) est une espece d’enflure inflammatoire qui survient en hyver, & qui affecte particulierement les talons, les doigts des piés & des mains ; & dans les pays bien froids, le bout du nez même & les lobes des oreilles. Les Grecs appellent cette maladie χείμεσλον, de χεῖμα, hyems ; les Latins pernio. Les François lui donnent le nom de mule, lorsqu’elle a son siége au talon.

La cause prochaine de cette maladie est, comme celle de l’inflammation en général, l’empêchement du cours libre des fluides dans les vaisseaux de ces parties : cet empêchement est dans les engelures l’effet du froid, qui resserre les solides & qui condense les fluides. Quoique la chaleur du corps humain en santé surpasse celle de l’air qui l’environne, même pendant les plus grandes chaleurs de l’été, selon ce que prouvent les expériences faites à ce sujet par le moyen du thermometre, & qu’il faille par conséquent, pour que les parties de notre corps soient engourdies par le froid, qu’il soit bien violent : cependant comme le mouvement des humeurs & conséquemment la chaleur est moins considérable, tout étant égal dans les extrémités, dans les parties qui sont le plus éloignées du cœur que dans les autres, il s’ensuit que ces parties doivent être à proportion plus susceptibles de ressentir les effets du froid ; les vaisseaux rendus moins flexibles par cette cause, agissent moins sur le sang, qui n’est fluide que par l’agitation qu’il éprouve de l’action des solides, & celle-ci étant diminuée, il s’épaissit & circule avec peine : d’ailleurs les parties aqueuses qui lui servent de véhicule, se figent & se gelent, pour ainsi dire, par l’absence des particules ignées, & peut-être aussi par la pénétration des particules frigorifiques qui remplissent leurs pores, & leur font perdre la mobilité qui leur est ordinaire, d’où résulte une cause suffisante d’inflammation. Voyez Froid, Glace.

Le tempérament pituiteux, les humeurs naturellement épaisses, la pléthore, le peu de soin à se garantir des rigueurs de l’hyver par les vêtemens & autres moyens, le passage fréquent du chaud au froid, sont les causes qui disposent aux engelures ; les enfans & les jeunes personnes y sont plus sujets que les autres, à cause de la viscosité dominante dans leurs fluides & de la débilité de leurs solides.

La pâleur des parties mentionnées, suivie de chaleur, de demangeaison, de cuisson même, qui sont