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est pour l’ordinaire de la grosseur d’une amande : elle est quelquefois si petite, qu’à peine peut-on la trouver : quelquefois on en remarque deux. (L)

Les nerfs Dorsaux sont au nombre de douze paires : ils ont cela de commun ensemble, que dès leur sortie d’entre les vertebres du dos ils jettent deux filets, au moyen desquels ils communiquent avec le nerf intercostal.

La premiere paire entre dans la composition des nerfs brachiaux : les six paires suivantes vont tout le long de la levre interne & inférieure des vraies côtes, jusqu’au sternum, & se distribuent aux muscles intercostaux, &c. la septieme paire & les cinq dernieres paires se distribuent aux muscles intercostaux & à ceux du bas-ventre. (L)

DORSESSHERT, (Géog. mod.) province d’Angleterre, qui a Dorchester pour capitale.

DORSTEN, (Géog. mod.) ville d’Allemagne au cercle de Westphalie : elle est située sur la Lippe. Long. 24. 38. lat. 51. 38.

DORSTENIA, s. f. (Hist. nat. Botan.) genre de plante dont le nom a été dérivé de celui de Théodoric Dorsténius medecin allemand. La fleur des plantes de ce genre est monopétale, irréguliere, charnue, ressemblante à une patte d’oye. La fleur devient un fruit charnu de la même figure, dans lequel il y a plusieurs semences arrondies, & terminées par un crochet pointu. Plumier, nova plant. amer. gener. Voyez Plante. (I)

DORTMUND, (Géog. mod.) ville d’Allemagne au cercle de Westphalie : elle est située sur l’Emser. Long. 25. 6. lat. 51. 30.

DORTOIR, s. m. (Architect.) corps de logis simple, ou aîle de bâtiment destinée dans une maison religieuse à contenir les cellules ou corridors qui les dégagent. Les dortoirs doivent avoir des issues commodes, & être distribués de maniere qu’à leurs extrémités soient placés de grands escaliers bien éclairés, doux & à repos, pour la facilité de la plûpart des personnes âgées ou infirmes qui ordinairement habitent ces bâtimens. Les dortoirs en général doivent être placés au premier étage, pour plus de salubrité, ceux de l’abbaye de S. Denys, de S. Martin des Champs, de S. Germain des Prés, &c. sont situés ainsi, & peuvent servir d’exemple & d’autorité en pareille circonstance. Voyez les dortoirs de l’abbaye de Panthemont, Planches d’architecture. (P)

DORURE, s. f. (Art méchan.) c’est l’art d’employer l’or en feuilles & l’or moulu, & de l’appliquer sur les métaux, le marbre, les pierres, le bois & diverses autres matieres. Voyez Or.

Cet art n’étoit point inconnu aux anciens, mais ils ne l’ont jamais poussé à la même perfection que les modernes.

Pline assure que l’on ne vit de dorure à Rome qu’après la destruction de Carthage, sous la censure de Lucius Mummius, & que l’on commença pour lors à dorer les plafonds des temples & des palais ; mais que le capitole fut le premier endroit que l’on enrichit de la sorte. Il ajoûte que le luxe monta à un si haut point, qu’il n’y eut point de citoyen dans la suite, sans en excepter les moins opulens, qui ne fît dorer les murailles & les plafonds de sa maison.

Ils connoissoient, comme nous, selon toute apparence, la maniere de battre l’or & de le réduire en feuilles ; mais ils ne porterent jamais cet art à la perfection qu’il a atteint parmi nous, s’il est vrai, comme dit Pline, qu’ils ne tiroient d’une once d’or que sept cents cinquante feuilles de quatre travers de doigt en quarré. Il ajoûte, il est vrai, que l’on pouvoit en tirer un plus grand nombre ; que les plus épaisses étoient appellées bracteæ prænestinæ, à cause que la statue de la fortune à Préneste étoit dorée avec

ces feuilles ; & les plus minces, bracteæ questoriæ. Voyez Battre l’or.

Les Doreurs modernes employent des feuilles de différentes épaisseurs ; mais il y en a de si fines, qu’un millier ne pese pas quatre ou cinq dragmes. On se sert des plus épaisses pour dorer sur le fer & sur divers autres métaux, & les autres pour dorer sur bois.

Mais nous avons un autre avantage sur les anciens dans la maniere d’appliquer l’or ; & le secret de la peinture à l’huile, découvert dans les derniers tems, nous fournit les moyens de rendre notre dorure à l’épreuve des injures des tems, ce que les anciens ne pouvoient faire. Ils n’avoient d’autre secret pour dorer les corps qui ne pouvoient endurer le feu, que le blanc d’œufs & la colle, qui ne sauroient résister à l’eau ; de sorte qu’ils bornoient la dorure aux endroits qui étoient à couvert de l’humidité de l’air.

Les Grecs appelloient la composition sur laquelle ils appliquoient leur or dans la dorure sur bois, leucophœum ou leucophorum. On nous la représente comme une espece de terre gluante qui servoit vraisemblablement à attacher l’or, & à lui faire endurer le poli : mais les Antiquaires & les Naturalistes ne s’accordent point sur la nature de cette terre, ni sur sa couleur, ni sur les ingrédiens dont elle étoit composée.

Il y a différentes sortes de dorures parmi nous, savoir la dorure à l’huile, la dorure en détrempe, & la dorure au feu, qui est propre aux métaux & pour les livres.

Maniere de dorer à l’huile. La base ou la matiere sur laquelle on applique l’or dans cette méthode, n’est autre chose, suivant M. Félibien, que de l’or couleur, c’est-à-dire ce reste des couleurs qui tombe dans les pinceliers ou godets dans lesquels les peintres nettoyent leurs pinceaux. Cette matiere qui est extrèmement grasse & gluante, ayant été broyée & passée par un linge, sert de fond pour y appliquer l’or en feuille. Elle se couche avec le pinceau comme les vraies couleurs, après qu’on a encollé l’ouvrage, & si c’est du bois, après lui avoir donné quelques couches de blanc en détrempe.

Quelque bonne que puisse être cette méthode, les doreurs Anglois aiment mieux se servir d’un mêlange d’ocre jaune broyé avec de l’eau, qu’ils font sécher sur une pierre à craie, après quoi ils le broyent avec une quantité convenable d’huile grasse & dessiccative pour lui donner la consistence nécessaire.

Ils donnent quelques couches de cette composition à l’ouvrage qu’ils veulent dorer ; & lorsqu’elle est presque seche, mais encore assez onctueuse pour retenir l’or, ils étendent les feuilles par dessus, soit entieres, soit coupées par morceaux ; se servant pour les prendre de coton bien doux & bien cardé, ou de la palette des doreurs en détrempe, ou même simplement du coûteau avec lequel on les a coupées, suivant les parties de l’ouvrage que l’on veut dorer, ou la largeur de l’or qu’on veut appliquer.

A mesure que l’or est posé, on passe par-dessus une brosse ou gros pinceau de poil très-doux, ou une patte de lievre, pour l’attacher & comme l’incorporer avec l’or couleur ; & avec le même pinceau ou un autre plus peut, on le ramende, s’il y a des cassures, de la même maniere qu’on le dira de la dorure qui se fait avec la colle.

C’est de la dorure à l’huile que l’on se sert ordinairement pour dorer les domes & les combles des églises, des basiliques, & des palais, & les figures de plâtre & de plomb qu’on veut exposer à l’air & aux injures du tems.

Dorure en détrempe. Quoique la dorure en détrempe se fasse avec plus de préparatifs, & pour ainsi dire avec plus d’art que la dorure à l’huile ; il n’en est pas moins constant qu’elle ne peut être employée en tant