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même plan, se trouvent dans des plans différens. S’envoiler est synonyme à se déjetter ; les planches s’envoilent par l’action de l’humidité, les lames se déjettent à la trempe.

ENVOYÉ, adj. pris subst. (Hist. mod.) se dit d’une personne députée ou envoyée exprès pour négocier quelque affaire avec un prince étranger ou quelque république. Voyez Ministre.

Les ministres qui vont de la cour de France ou de celle d’Angleterre, à Genes, vers les princes d’Allemagne, & autres petits princes & états, n’ont point la qualité d’ambassadeurs, mais de simples envoyés. Joignez à cela que ceux que quelques grands princes envoyent à d’autres de même rang, par exemple l’Angleterre à l’empereur, n’ont souvent que le titre d’envoyé, lorsque le sujet de leur commission n’est pas fort important. Voyez Ambassadeur.

Les envoyés sont ou ordinaires ou extraordinaires. Voyez Ordinaire & Extraordinaire.

Les uns & les autres joüissent de toutes les prérogatives du droit des gens aussi-bien que les ambassadeurs, mais on ne leur rend pas les mêmes honneurs. La qualité d’envoyé extraordinaire, suivant l’observation de Wiquefort, est très-moderne, & même beaucoup moins ancienne que celle de résident. Les ministres qui en ont été revêtus, ont voulu d’abord se faire considérer presque comme des ambassadeurs, mais on les a mis depuis sur un autre pié.

La cour de France en particulier déclara en 1654, qu’on ne feroit plus à ces ministres l’honneur de leur donner les carrosses du roi & de la reine pour les conduie à l’audience, & qu’on ne leur accorderoit plus divers autres honneurs.

Justiniani, le premier envoyé extraordinaire de la république de Venise à la cour de France, depuis que les honneurs y ont été réglés, prétendit se couvrir en parlant au roi, & cela lui fut refusé. Le roi déclara même à cette occasion qu’il n’entendoit point que l’envoyé extraordinaire qui est de sa part à Vienne fût regardé autrement qu’un résident ordinaire. Depuis ce tems, on a traité de la même maniere ces deux especes de ministres. Voyez Wiquefort, Chamb. & le dictionn. de Trevoux. (G)

ENVOYER, v. act. (Gramm.) faire l’envoi d’une chose. La compagnie des Indes envoye tous les ans un certain nombre de vaisseaux à Pondichery.

* ENYALIUS, (Mythol.) surnom qu’on donnoit à Mars, fils de Bellonne qu’on appelloit aussi Enyo.

E O

EOLE, (Mythol.) c’est le roi, ou pour mieux dire le dieu des vents ; car, suivant la remarque du P. Sanadon, les vents paroissent dans la Mythologie comme des especes de petits génies, volages, inquiets & mutins, qui semblent prendre plaisir à bouleverser l’univers. Ce sont eux qui ont donné entrée à la mer au milieu des terres, qui ont détaché quantité d’îles du continent, & qui ont causé une infinité d’autres ravages dans la nature.

Pour prévenir de pareilles entreprises dans la suite, la fable les resserra dans de certains pays, particulierement dans les îles éoliennes, aujourd’hui les îles de Lipari, entre l’Italie & la Sicile ; & en conséquence la même fable leur donna un roi nommé Eole.

Ce nouveau monarque, ou plûtôt ce nouveau dieu, a joüé un grand rôle dans la Poésie, pour élever les tempêtes, ou pour les calmer. Ulysse s’adresse à lui dans Homere, pour en obtenir une heureuse navigation : mais dans Virgile, la reine même des dieux ne dédaigne pas d’implorer son secours, pour traverser l’établissement de la colonie troyenne en

Italie, & l’on peut dire que le roi des vents a la gloire de commencer le nœud de cette grande action dans l’Enéide.

C’est lui qui, dans un antre vaste & profond, tient tous les vents enchaînés, il les gouverne par sa puissance ; & se tenant assis sur la montagne la plus haute, il appaise à sa volonté leur furie, s’oppose à leurs efforts, les arrête dans leurs prisons, ou les met en liberté : s’il cessoit un moment de veiller sur eux, le ciel, la terre, la mer, tous les élémens seroient confondus.

...............Celsâ sedet Œolus arce
Sceptra tenens, mollitque animos, & temperat iras.
Ni faciat, maria, ac terras, cælumque profundum
Quippe ferant rapidi secum, verrantque per auras
.

Æneïd. lib. I. v. 52. & sequ.

Junon, pour l’engager à servir sa colere, lui offre en mariage une des quatorze nymphes de sa suite, & la plus belle de toutes, en un mot Déjopée :

Sunt mihi bis septem præstanti corpore nymphæ :
Quarum, quæ forma pulcherrima, Dejopeiam
Connubio jungam stabili, propriamque dicabo :
Omnes ut recum meritis pro talibus annos
Exigat, & pulchra faciat te prole parentem.

A ces mots, Eole enfonce sa lance dans le flanc de la montagne, & l’entr’ouvre : tous les vents à l’instant sortent impétueusement de leurs cavernes, & se répandent sur la terre & sur la mer :

Hæc ubi dicta, cavum conversa cuspide montem
Impulit in latus. At venti, velut agmine facto,
Quâ data porta, ruunt, & terras turbine perstant.

Alors s’éleve une tempête affreuse, dont il faut lire la peinture admirable dans le poëme même, car elle n’a point de rapport direct à cet article. Voyez encore sur Eole, Diodore de Sicile, lib. V. Strabon, lib. I. Ovide, Métamorph. lib. XI. Pline, lib. III. c. jx. Bochard, l’abbé Banier, les dictionn. de Mythologie, &c. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EOLIE ou EOLIDE, s. f. (Géogr.) contrée de l’Aste mineure, qui s’appella Mysie, avant que les Eoliens vinssent l’habiter & lui donner leur nom. Elle est située sur la mer Egée, au midi de la Troade, & au septentrion de l’Ionie, entre ces deux pays.

EOLIEN ou EOLIQUE, adj. (terme de Gramm.) nom d’un des cinq dialectes de la langue greque. Voy. Grec & Dialecte.

Il fut d’abord en usage dans la Béotie, d’où il passa en Eolie. C’est dans ce dialecte que Sapho & Alcée ont écrit.

Le dialecte éolien rejette sur-tout l’accent rude ou âpte. Du reste il s’accorde en tant de choses avec le dorique, qu’on ne fait ordinairement de ces deux qu’un seul dialecte. C’est pourquoi la plûpart des grammairiens ne comptent que quatre différens dialectes grecs, quoiqu’il y en ait réellement cinq, en en faisant deux de l’éolien & du dorique. Voyez Dorique & Dialecte. (G)

Eolien, en Musique, est le nom que les anciens donnoient à un de leurs modes ou tons, duquel la corde fondamentale étoit immédiatement au-dessus de celle du mode phrygien. Voyez Modes.

Le mode éolien étoit grave, au rapport de Lasus. « Je chante, dit-il, Cérès & sa fille Mélibée épouse de Pluton, sur le mode éolien, rempli de gravité. » (S)

* EOLIENS, s. m. pl. (Géogr. Hist. anc.) peuples de Grece, ainsi appellés d’Eole fils d’Hellen. Ils passerent dans l’Asie mineure, & s’établirent dans la Mysie, dont ils changerent le nom en celui d’Eolie. Voyez Eolie.

* EOLIENNES, adj. pris subst. (Geogr. anc. Mythol.) ce sont aujourd’hui les îles de Lipari. Les vol-