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dans un jet d’eau. Voyez Fontaine. 4°. L’éolipyle étant rempli d’une eau de senteur, au lieu d’eau simple, pourroit servir à parfumer une chambre. Tous ces usages, comme l’on voit, ne sont pas fort importans ; quelques-uns seroient tout au plus curieux. (O)

EONES, voyez Eons.

EONIENS, s. m. pl. (Hist. eccl.) on appella ainsi dans le xij. siecle les sectateurs d’Eon de l’Etoile, gentilhomme breton, qui abusant de la maniere dont on prononçoit alors ces paroles, per eum (on prononçoit eon) qui venturus est judicare vivos & mortuos, &c. prétendoit qu’il étoit le Fils de Dieu, devant juger un jour les vivans & les morts. Cette hérésie, ou plûtôt cette ridicule extravagance, ne mérite de place dans l’histoire que par le trouble qu’elle causa. Plusieurs sectateurs de cet Eon se laisserent brûler vifs, plûtôt que de renoncer à une si étrange folie. O miseras hominum mentes ! Mais notre siecle que nous croyons si éclairé, est-il plus sage ? Voyez Convulsionnaires. (O)

EONS ou EONES, (Theologie.) mot tiré du grec αἰὼν, qui signifie siecle, éternité, Voyez Siecle.

Quelques anciens hérétiques ont attaché une autre idée au mot æon ; & partant des principes de la philosophie de Platon, qu’ils entendoient mal, ils donnerent de la réalité aux idées que ce philosophe avoit imaginées en Dieu ; c’est-à-dire qu’ils les personnifierent, & les distinguerent de Dieu même, prétendant qu’il les avoit produites les unes mâles & les autres femelles. Voyez Idée & Platonisme.

Ils appelloient ces idées éons ou éones ; & de leur assemblage complet ils formoient la Divinité, qu’ils nommoient πλήρωμα, c’est-à-dire plénitude.

A commencer des Simon le Magicien, tous les hérétiques des premiers siecles trouvant la doctrine de l’Église trop simple, & à force de vouloir relever plus haut le Dieu qu’ils reconnoissoient pour souverain, avoient ainsi confondu les idées corporelles avec les spirituelles, & formé une science mystérieuse qu’ils appelloient Gnose, qui leur fit donner à tous en général le nom de Gnostiques, c’est-à-dire plus parfaits ou plus éclairés que le commun des hommes.

« L’hérésiarque Valentin qui parut vers l’an 134 de J. C. rafinant, dit M. Fleury, sur ceux qui l’avoient précédé, déduisoit une longue généalogie de plusieurs Eones ou Aiones ; il en faisoit des personnes. Le premier & le plus parfait étoit dans une profondeur invisible & inexplicable, & il le nommoit Proon, préexistant, & de plusieurs autres noms ; mais plus ordinairement Bythos, c’est-à-dire profondeur. Il étoit demeuré plusieurs siecles inconnu en silence & en repos, ayant avec lui seulement Ennoïa, c’est-à-dire la pensée, que Valentin nommoit aussi Charis, grace, ou Sigé, silence, & dont il faisoit la femme. Enfin Bythos avoit voulu produire le principe de toutes choses, & avec Sigé il avoit engendré Nous, son fils unique, semblable & égal à lui, seul capable de le comprendre. Ce fils étoit le pere & le principe de toutes choses. Νοῦς en grec signifie intelligence, mais il est du genre masculin, c’est pourquoi les Valentiniens en faisoient un fils ; & quoiqu’il fût unique, ils lui donnoient une sœur Aletheïa, c’est-à-dire la vérité. Ces deux premiers couples, Bythos & Sigé, Nous & Aletheïa, formoient un quarré qui étoit comme la racine & le fondement de tout le système : car Nous avoit engendré deux autres personnages ou Eones, Logos & Zoé, le verbe & la vie, & ces deux en avoient encore produit deux autres, Anthropos & Ecclesia, l’homme & l’église.

Le Verbe & la Vie, continue le même auteur, voulant glorifier le pere, avoient encore produit dix autres éones, c’est-à-dire cinq couples ; car ils

étoient toûjours deux à deux. L’Homme & l’Église avoient produit douze autres éones, entre lesquelles étoit le paraclet, la foi, l’espérance, la charité. Les deux derniers étoient Teletos, le parfait, & Sophia, la sagesse. Voilà les trente éones, qui tous ensemble faisoient le pleroma ou plénitude invisible & spirituelle ». Hist. ecclés. tom. I. liv. III. pag. 443. & 444.

Ces hérétiques croyoient trouver clairement tout cela dans quelques passages de l’Ecriture, auxquels ils donnoient des explications allégoriques & forcées. En voilà plus qu’il n’en faut sur ces extravagances. (G)

* EORIES, adj. pris subst. (Myth.) fêtes que les Athéniens célébroient en l’honneur d’Erigone, qui avoit attiré par ses prieres une fâcheuse malédiction sur les filles des Athéniens ; parce qu’ils avoient négligé de vanger la mort d’Icare son pere. Le ciel permit que les filles des Athéniens devinssent amoureuses d’hommes qui ne répondirent point à leur passion, & qu’elles s’en pendissent de desespoir. On consulta là-dessus l’oracle d’Apollon, qui ordonna les fêtes éories aux manes d’Erigone ; & les filles des Athéniens continuerent apparemment d’aimer, & quelquefois de n’être point aimées, mais ne s’en pendirent plus.

EP

* EPACHTES, s. f. (Hist. anc.) fêtes que les Athéniens célebroient en l’honneur de Cérès, & en commémoration de la douleur qu’elle ressentit de l’enlevement de Proserpine sa fille. Le mot épachtes est composé de ἐπὶ, sur, & ἄχθος, douleur.

EPACTE, s. f. en Chronologie, est proprement l’excès du mois solaire sur le mois synodique lunaire, ou de l’année solaire sur l’année lunaire de douze mois synodiques, ou de plusieurs mois solaires sur autant de mois synodiques, & de plusieurs années solaires sur autant de douzaines de mois synodiques.

Les épactes sont donc ou annuelles, ou menstruelles. Les épactes menstruelles sont les excès du mois civil, ou du mois du calendrier sur le mois lunaire. Voyez Mois.

Supposons par exemple qu’il y ait nouvelle Lune le premier de Janvier ; puisque le mois lunaire est de 29j 12h 44′ 3″, & que le mois de Janvier contient 31j, l’épacte menstruelle est donc de 1j 11h 15′ 57″.

Les épactes annuelles sont l’excès de l’année solaire sur la lunaire. Voyez An.

Ainsi comme l’année julienne est de 365j 6h, & que l’année lunaire est de 354j 8h 48′ 38″, l’épacte annuelle est de 10j 21h 11′ 22″, c’est-à-dire de près de 11j ; & par conséquent l’épacte de deux ans sera de 22j ; celle de trois ans de 33j, ou plûtôt de trois, puisque trente jours font un mois embolismique ou intercalaire. Voyez Embolismique. Par la même raison l’épacte de quatre ans sera de 14j, & ainsi des autres ; & par conséquent l’épacte de chaque dix-neuvieme année deviendra trente ou zéro. D’où il s’ensuit que la vingtieme épacte sera encore 11, & qu’ainsi le cycle des épactes expire avec le nombre d’or, ou le cycle lunaire de dix-neuf ans, & recommence encore dans le même tems, comme on le voit dans la table suivante.

Nombre d’or. Epactes. Nombre d’or. Epactes. Nombre d’or. Epactes.






1 xj. 7 xvij. 13 xxiij.
2 xxij. 8 xxiij. 14 jv.
3 iij. 9 jx. 15 xv.
4 xjv. 10 xx. 16 xxvj.
5 xxv. 11 j. 17 viij.
6 vj. 12 xij. 18 xjx.
19 xxx.