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ronds de soie blanche, liés en lacs d’amour, entremêlés de lettres S formées d’or. Au bout du collier pendoit un ovale où étoit une épée ayant la lame émaillée d’argent, la garde croisetée & fleurdelisée d’or, & pour devise ces mots, securitas regni. La premiere cérémonie s’en fit en 1195, par le roi Guy de Lusignan, qui conféra cet ordre à son frere Amaury, connétable de Chypre, & à trois cents barons qu’il établit dans son nouveau royaume. Favin, théat. d’honn. & de chevalerie. (G)

* Epées. (Hist. mod.) L’ordre des deux épées de J. C. ou les chevaliers du Christ des deux épées ; ordre militaire de Livonie & de Pologne en 1193. Dans ces tems où l’on croyoit suivre l’esprit de l’Evangile & se sanctifier, en forçant les hommes d’embrasser le Christianisme, Bertold, second évêque de Riga, engagea quelques gentilshommes qui revenoient de la croisade, de passer en Livonie, & d’employer leurs armes à l’avancement de la religion ; mais ce projet ne fut exécuté que par Albert son frere, chanoine de Reims, & son successeur. La troupe de nos soldats convertisseurs fut érigée en ordre militaire. Vinnus en fut le premier grand-maître en 1203. Ils portoient dans leurs bannieres deux épées en sautoir. Ils s’opposerent avec succès aux entreprises des idolatres.

Epée romaine, (Manége, Maréchall.) On nomme ainsi un épi, qui dans quelques chevaux regne tout le long de l’encolure, près de la criniere, tantôt de deux côtés, tantôt d’un seul. Je ne rechercherai point les raisons qui lui ont mérité cette dénomination, & par lesquelles il a pû se rendre digne de l’estime & du cas infini qu’on en fait. Il seroit à souhaiter que les préjugés qui nous maîtrisent dans notre art, ne nous eussent pas aveuglés jusqu’au point de ne nous faire envisager que certains jeux de la nature, & de nous donner de l’éloignement pour tous les travaux qui pouvoient nous faire connoître, & admirer les opérations qu’elle veut bien ne pas dérober à notre foible vûe. (e)

Epées, (Marine.) Voyez Barres de Virevaut.

Epée, terme de Cordier ; c’est un instrument de buis, long d’un pié & large de deux pouces, dont cet ouvrier se sert pour battre la sangle qu’il fabrique. C’est proprement le battant du métier à sangle. On l’appelle épée, parce qu’il a la forme d’un coutelas.

Epée, en terme de Diamantaire, est le lien de fer AB (Pl. II. du Diamantaire, fig. 2) qui unit le bras avec le coude de l’arbre de la grande roue. Ce lien est composé de plusieurs pieces de fer, dont les deux fg & FG s’assemblent à charniere en B, où elles entourent le coude de l’arbre de la grande roue ; elles sont assujetties l’une contre l’autre par le moyen d’un anneau e dans lequel passe un coin qui serre les platines l’une contre l’autre. Entre les deux platines on introduit une troisieme Ahh ou ab, que l’on assujettit entre les deux premieres par le moyen des deux anneaux hh serrés avec des coins. Cette troisieme barre est percée d’un trou, dans lequel passe un boulon a qui traverse le bras de bas en haut, où il est retenu par une cheville ou clavette o qui l’empêche de ressortir. Ce mouvement imprimé au bras, se communique par le moyen de l’épée au coude qui fait mouvoir l’arbre & la roue qui est montée dessus.

Epée, (Manufact. en soie.) c’est une des parties du chevalet à tirer les soies. Voyez l’art. Soie.

EPEICHE, s. f. (Hist. nat. Ornith.) cul rouge, picus varius major, oiseau de la grosseur du merle, ou un peu plus gros. La femelle pesoit trois onces ; elle avoit neuf pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue, & seulement huit jusqu’au bout des ongles : l’envergure étoit d’un pié. Le bec a un pouce & plus de longueur ; il est droit, de couleur noire, épais à sa racine, & pointu

à l’extrémité. Les ouvertures des narines sont recouvertes par des poils noirâtres ; l’iris des yeux est rouge ; sa langue ressemble à celle du pic-verd. Le mâle a au-dessous du sommet de la tête une belle bande rouge & transversale. La gorge & la poitrine de la femelle sont d’un blanc-sale ou jaunâtre ; les plumes du bas-ventre, qui se trouvent sous la queue, sont d’une belle couleur rouge, ce qui fait donner à cet oiseau le nom de cul-rouge. Les plumes qui entourent la base de la piece supérieure du bec, les yeux & les oreilles, sont blanches : la couleur de la tête & du dos est noire. Il y a sur les épaules une grande tache blanche, & on voit une large bande noire qui s’étend depuis les coins de la bouche jusqu’au dos, & qui est coupée au-dessous de la tête par une autre ligne transversale. Chaque aile a vingt grandes plumes ; la premiere est très-courte : elles sont toutes de couleur noire, & elles ont des taches figurées en demi-cercle. Les plumes intérieures des ailes forment une partie de la tache blanche des épaules, dont il vient d’être fait mention. Les plumes qui recouvrent les ailes à l’extérieur, ont une ou deux taches en demi-cercle : la base de l’aile est blanche : la queue a trois pouces & demi de longueur : elle est composée de douze plumes ; les deux du milieu sont fort roides, pointues, recourbées, & plus longues que les autres. Toutes les plumes paroissent fourchues à l’extrémité, parce que le tuyau ne s’étend pas jusqu’au bout : la plume extérieure de chaque côté est noire, à l’exception d’une tache blanche qui se trouve sur les bords extérieurs : les deux suivantes sont noires par le bas, & le reste est blanc, avec deux taches noires ; celle du dessus coupe transversalement toute la plume, & l’autre ne s’étend que sur les barbes intérieures : la couleur noire monte plus haut dans la quatrieme plume que dans la troisieme ; & la partie supérieure, qui est blanche, n’a qu’une tache noire : la cinquieme est noire presqu’en entier ; elle n’a qu’une tache blanche faite en demi-cercle vers la pointe, qui est d’un blanc roussâtre : les deux plumes du milieu sont entierement noires. Mais ces couleurs varient souvent. Les doigts sont de couleur plombée ; il y en a deux en-arriere, comme dans les autres pics : ceux de devant sont joints ensemble jusqu’à la premiere articulation. Ces oiseaux vivent d’insectes. Willugh. Ornith. Voyez Oiseau. (I)

* EPELER, v. act. (Gramm.) le second pas de l’art de lire. Le premier est de connoître les lettres ; le second, d’en former des syllabes, ou d’épeler ; le troisieme, d’assembler des syllabes, & de lire. Ce second pas est très-difficile, grace au desordre de notre ortographe. Voyez Alphabet.

EPENTHESE, s. f. terme de Gram. RR. ἐπι, εν, in, τίθημι, pono. C’est une figure de diction qui se fait lorsqu’on insere une lettre ou même une syliabe au milieu d’un mot : c’est une liberté que la langue latine accordoit à ses poëtes, soit pour allonger une voyelle, soit pour donner une syllabe de plus à un mot. Notre langue est plus difficile. Ainsi Lucrece ayant besoin de rendre longue la premiere syllabe de religio, a redoublé l’l :

Tantùm relligio potuit suadere malorum.

Lucrece, liv. I.

Virgile ayant besoin de trouver un dactyle dans alitum, au lieu de dire régulierement ales, alitis, & au génitif pluriel alitum, a dit alituum :

Alituum, pecudumque genus sopor altus habebat.

Æneid. lib. VII. v. 27.

Alituum pro alitum, metri causâ, addidit syllabam, dit Servius sur ce vers de Virgile.

Juvenal a dit induperator pour imperator :