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prises sous le nom d’épicerie : il est le second des six corps, & a rang après celui de la draperie.

Le corps d’Epicerie est partagé en Apothicaires & Epiciers, & ces derniers en Droguistes, Confituriers, & Ciriers ou Ciergiers ; ensorte qu’il y a cinq sortes de marchands dans ce corps. Il est gouverne par les mêmes maîtres & gardes, & régi par les mêmes lois. Ces maîtres & gardes sont au nombre de six, trois apothicaires & trois épiciers. Les plus anciens de ces deux corps actuellement en charge, sont appellés grands-gardes ou présidens. Leur préséance est alternative. Tous les ans, après la saint Nicolas leur patron, on élit deux nouveaux gardes, un épicier, & l’autre apothicaire. Cette élection se fait dans le bureau, en présence du lieutenant général de police, du procureur du roi du châtelet, & d’un greffier : les Apothicaires & les Epiciers sont de l’assemblée : tous les épiciers qui ont passé par la charge de garde, y ont entrée, avec quarante autres qu’on appelle des mandés, tirés des modernes & des anciens. On n’est jamais deux fois mandé de suite. Les gardes-épiciers sont élus avec les Apothicaires, qui nomment seuls ceux de leur art. La fonction de ces gardes est de tenir la main à l’exécution des statuts & réglemens ; de faire au moins trois visites par an, & de faire en outre des visites générales chez tous les marchands, maîtres des coches, &c. pour confronter les poids & les balances. Il n’y a que les marchands des cinq autres corps qui soient exempts de ces visites. Il n’y a que les Epiciers qui puissent la faire, parce qu’ils ont de tout tems eu des étalons de poids en dépôt. Ils les doivent encore faire vérifier de six ans en six ans par la cour des monnoies, sur les matrices originales. L’un des gardes est encore chargé de la dépense commune ; successivement un apothicaire & un épicier, qui rend son compte tous les ans devant les gardes en charge & les anciens qui l’ont été. Nul ne peut être reçû dans le corps d’Epicerie, qu’il ne soit françois, ou naturalisé par lettres-patentes. Pour être apothicaire il faut avoir fait quatre ans d’apprentissage, & avoir six ans de service chez les maîtres ; il n’y a qu’eux qui soient obligés au chef-d’œuvre. Les épiciers aspirans doivent avoir fait trois ans de compagnonage, & six de service. Les veuves des uns & des autres peuvent, en viduité, exercer le commerce de leurs maris, avec un garçon approuvé par les maîtres & gardes : elles ne peuvent faire d’apprentis, ni donner leur boutique à un garçon sous leur nom, à moins qu’il ne demeure avec elles. Les épiciers qui ne sont point droguistes, ne peuvent vendre aucune marchandise d’Apothicairerie. Les drogueries & épiceries sont d’abord, avant la distribution générale, déposées au bareau, & examinées par les gardes.

Leurs statuts ont été confirmés par lettres patentes de plusieurs de nos rois, entr’autres de Henri IV. en 1594, & de Louis XIII. en 1611 & en 1624. Dans les cérémonies publiques les gardes de ce corps ont droit de porter la robe de drap noir, à collet & manches pendantes, bordées & parementées de velours de la même couleur. Cette robe est la consulaire, & commune aux maîtres des cinq autres corps. Un épicier qui est garde, ou qui l’a été, décédant, les maîtres en charge sont obligés d’assister à son service & enterrement ; les quatre plus jeunes portant le poile, & les deux grands suivant immédiatement le corps, accompagnés des quatre courtiers du corps menant le deuil. La même cérémonie s’observe à l’égard des femmes, veuves ou non. Le bureau fournit le poile & six chandeliers d’argent, six flambeaux de cire blanche ornés des armoiries du corps, les Apothicaires & les Epiciers en ayant qui leur sont particulieres. Dictionn. & réglem. du Commerce.

EPICHERÊME, s. f. (Logique.) L’école a donné

le nom d’épicherême aux syllogismes dans lesquels l’on joint à chaque prémisse sa preuve, au moins lorsque chacune en a besoin. M. de Crousaz en donne l’exemple suivant :

Il est raisonnable de penser que les biens qui ont le plus de rapport à ce que notre nature renferme de plus excellent, sont les plus capables de nous rendre heureux ; car la félicité & la perfection doivent aller d’un pas égal, puisqu’elles sont l’une & l’autre notre but.

Or la science & la sagesse sont des biens qui perfectionnent ce qu’il y a en nous de plus excellent, puisque l’entendement & la volonté sont des facultés beaucoup plus estimables que les sens.

Il est donc raisonnable de penser que l’on se rendra plus heureux par la connoissance & par la sagesse, que par les voluptés des sens.

L’épicherême, dit-on, a un grand avantage ; c’est de ne point retarder l’impatience de l’homme, parce qu’elle prouve ses prémisses en les avançant : ce qui est court & très-agréable ; mais il ne s’agit pas ici d’agrément. Ou de si courtes preuves sont inutiles par l’évidence de la proposition, ou elles ne sont pas suffisantes pour la démontrer. L’épicherême de M. de Crousaz lui-même n’est peut-être pas trop solide ; mais qu’il le soit ou non, je dis que des preuves que l’on fait passer si rapidement devant l’esprit, ne sont guere propres qu’à l’ébloüir, au lieu de l’éclairer : ainsi l’usage de ce syllogisme irrégulier, qu’on nomme épicherême, n’est bon que pour former les récapitulations des orateurs, quand les principes d’où dépend leur conclusion, ont déjà été précédemment établis & prouvés par ordre. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

* EPICLIDIES, adj. pris subst. (Mythol.) fêtes que les Athéniens avoient instituées en l’honneur de Cérès. Hésychius qui nous a transmis ce nom, ne nous en dit pas davantage.

* EPICOMBES, s. m. pl. (Hist. anc.) bouquets enrichis de monnoies ou pieces d’or, d’argent & de cuivre, qu’un sénateur jettoit au peuple, lorsque l’empereur de Constantinople sortoit de l’église. Il y avoit ordinairement dix mille de ces bouquets, & chaque bouquet renfermoit au moins trois pieces d’or & trois pieces d’argent. Cette largesse étoit très-considérable, & la forme en étoit honnête.

EPICRANE, s. m. (Anat.) partie qui environne le crane. Voyez Crane & Muscle.

* EPICRENE, s. f. (Mythol.) fêtes que les Lacédémoniens célébroient, & qu’ils appelloient la fête des fontaines : c’est tout ce que nous en savons.

* EPICURÉISME ou EPICURISME, subst. m. (Hist. de la Philosophie.) La secte éléatique donna naissance à la secte épicurienne. Jamais philosophie ne fut moins entendue & plus calomniée que celle d’Epicure. On accusa ce philosophe d’athéisme, quoiqu’il admît l’existence des dieux, qu’il fréquentât les temples, & qu’il n’eût aucune répugnance à se prosterner aux piés des autels. On le regarda comme l’apologiste de la débauche, lui dont la vie étoit une pratique continuelle de toutes les vertus, & surtout de la tempérance. Le préjugé fut si général, qu’il faut avoüer, à la honte des Stoïciens qui mirent tout en œuvre pour le répandre, que les Epicuriens ont été de très-honnêtes gens qui ont eu la plus mauvaise réputation. Mais afin qu’on puisse porter un jugement éclairé de la doctrine d’Epicure, nous introduirons ce philosophe même, entouré de ses disciples, & leur dictant ses leçons à l’ombre des arbres qu’il avoit plantés. C’est donc lui qui va parler dans le reste de cet article ; & nous espérons de l’équité du lecteur, qu’il voudra bien s’en souvenir. La seule chose que nous nous permettrons, c’est de jetter entre ses principes quelques-unes des conséquences les plus immédiates qu’on en peut déduire.