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férentes fugues ; mais la confusion est toûjours à craindre, & c’est le chef-d’œuvre de l’art de les bien traiter. Pour cela il faut, dit M. Rameau, observer autant qu’il est possible, de ne les faire entrer que l’une après l’autre, sur-tout la premiere fois, que leur progression soit renversée, qu’elles soient caractérisées différemment, & que si elles ne peuvent être entendues ensemble, au moins une portion de l’une s’entende avec une portion de l’autre. (S)

Double emploi, (Musique.) M. Rameau appelle ainsi les deux différentes manieres d’employer l’accord de sous-dominante. Prenons, par exemple, la sous-dominante fa, du mode d’ut : l’accord de la sous-dominante est fa la ut ré, accord de grande sixte, dans lequel est la dissonnance, ou considérée comme telle ; cette dissonnance étant portée au-dessous de fa, donnera l’accord de 7° ré fa la ut, dans lequel devient un son fondamental, & ut est dissonnance. Cet accord ré fa la ut, qui n’est que l’accord fa la ut ré renversé, peut être substitué à l’accord fa la ut ré dans certaines occasions où l’accord fa la ut ré ne peut être employé ; ainsi de l’accord parfait d’ut, on peut aller à ré fa la ut, pour descendre ensuite à l’accord de la dominante sol : mais on ne pourroit aller de l’accord parfait d’ut, à l’accord de la dominante sol par le moyen de l’accord de sous-dominante fa la ut ré. Voyez Dominante. Dans le mode mineur, par exemple, dans celui de la, la sous-dominante donne de même l’accord de sixte ré fa la si, qui se renverse de même en accord de septieme si ré fa la. Voyez dans les chapitres xij. & xiij. de mes élémens de Musique théorique & pratique, un plus grand détail sur le double emploi, sur ses regles & sur ses usages.

Un des principaux est de pouvoir porter la succession du mode diatonique jusqu’à l’octave, c’est-à-dire de pouvoir donner à notre échelle diatonique ut ré mi fa sol la si ut, une basse fondamentale qui soit toute entiere dans le même mode ; & cette basse sera celle-ci, ut sol ut fa ut ré sol ut, dans laquelle le portera l’accord de septieme. V. Echelle, Mode, &c. Dans cette basse fondamentale tout est dans le même mode ; car on suppose que les deux sol y portent l’un & l’autre l’accord de septieme ou dominante tonique sol si ré fa (voyez Dominante), & que la note fa y porte l’accord de sous-dominante fa la ut ré (voyez Sous-dominante) ; l’accord du double emploi ré fa la ut, porté par la note , n’est que l’accord de sous-dominante renversé.

L’accord parfait ut mi sol ut peut être suivi de ré fa la ut substitué à fa la ut ré, pourvû que la dissonnance ut de l’accord ré fa la ut soit ensuite sauvée suivant les regles ordinaires (voyez Dissonnance & Sauver) ; mais ré fa la ut ne peut être suivi d’ut mi sol ut, parce que la dissonnance ut ne seroit plus sauvée. Voyez mes élémens de Musique, page 80, article CXXX. (O)

Double-octave, (Musique.) est un intervalle de musique composé de deux octaves, qu’on appelle autrement quinzieme, & que les Grecs appelloient disdiapazon. Voyez ce mot.

La double-octave est en raison double de l’octave simple, c’est-à-dire, comme 1 est à 4 ; & à mesure qu’on ajoûte de nouvelles octaves, les raisons vont toûjours en doublant, progression qui n’appartient qu’à l’octave. Voyez Intervalle, Octave. (S)

Double, s. m. On appelle de ce nom, à l’opéra,

les acteurs en sous-ordre, qui remplacent les premiers acteurs dans les rolles qu’ils quittent par maladie ou défaut de zele, ou lorsqu’un opéra est sur ses fins, & qu’on en prépare un autre. On dit de l’acteur en sous ordre qui prend le rolle que remplissoit le premier, il a doublé, il double un tel rolle.

Chaque premiere actrice & chaque premier acteur ont leurs doubles, & ceux-ci ont les leurs à leur tour ; ensorte que l’opéra à Paris, quelque accident qui survienne, est représenté constamment pendant toute l’année aux jours marqués.

Il y a aussi des doubles dans la danse. Les premiers danseurs sont doublés par d’autres, lorsqu’ils sont hors d’état de danser leurs entrées.

Le nombre des sujets dont l’opéra de Paris est composé, son établissement stable, ses ressources, ses revenus, & le goût des François pour ce spectacle, sont de grands moyens pour le porter à un point de perfection & de magnificence auquel il n’est point encore parvenu, & qui semble ne dépendre maintenant que de très-peu de circonstances. Voyez Opéra. (B)

Double coupe, (Coupe des pierres.) On peut appeller ainsi l’appareil suivant : soit une platebande AB (figure 2.) sur le bord saillant du palier FE, BA. Tous les claveaux de la plate-bande doivent être en coupe pour s’opposer à la pesanteur vers un point R pris en contre-bas à une distance convenable, & d’autant plus grande que les butées AB seront plus fortes ; & les claveaux du plat-fond, en coupe vers un point G, ensorte que le mur FE & la plate-bande AB leur servent de butées, ainsi que cela se pratique ordinairement. Il est évident que les claveaux du plat-fond font effort contre la plate-bande, & la poussent à vuide vers un point P où rien ne s’oppose à leur effort ; pour y remédier il ne faut que mettre les joints de la platebande en coupe vers un point P pris au niveau de la plate-bande, & d’autant plus éloigné d’elle, que l’effort des claveaux du plat-fond sera moindre. C’est ce qu’on appelle être en double coupe, parce que les claveaux de la plate-bande sont voûtés de deux sens différens, l’un contre la pesanteur de la plate-bande, dont la direction est perpendiculaire à l’horison, & l’autre contre l’effort des claveaux du plat-fond, que l’on peut regarder comme une pesanteur horisontale, puisqu’il n’est qu’une décomposition de la pesanteur verticale des claveaux du plat-fond, & que sa direction est parallele à l’horison. (D)

Douple-bidet. Voyez Bidet. Le rein double, se dit des reins du cheval lorsqu’ils sont fort larges.

* Double-fond, s. m. (Manufacture en soie.) étoffe composée de 90 portées de chaîne, sur 8 lisses à l’ordinaire, & de 45 portées de poil, pour exécuter une figure sur le fond, de maniere qu’à chaque deux fils de chaîne, il y en a un de poil.

Le poil est monté sur quatre lisses de poil pour lever, & sur quatre lisses de poil pour rabattre.

On fait de doubles-fonds courans, lisérés, & brochés. On observe pour l’armure le même ordre que dans les lustrines de pareille espece, courante, lisérée, ou brochée. Ainsi nous nous contenterons de renvoyer ici à l’article Lustrine ; & de démontrer seulement de l’armure, ce qui concerne la figure du poil, le reste n’ayant rien de particulier.