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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/348

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Luther qui vouloit les attirer à son parti, leur persuada de réduire les sacremens à deux, le baptême & la cêne. A consulter leurs autres écrits, il paroît qu’ils admettoient la présence réelle de Jesus-Christ dans l’eucharistie, quoiqu’ils ne voulussent pas qu’on l’y adorât. Ils avoient aussi conservé beaucoup de pratiques de l’église romaine, comme les fêtes, les jeûnes, le célibat des prêtres, &c. ce qui n’empêcha pas les Luthériens & les Zuingliens de Pologne de les admettre à leur communion, lorsque les freres Bohémiens eurent été chassés d’Allemagne par Charles V. contre lequel ils avoient favorisé les intérêts de l’électeur de Saxe. Bossuet, hist. des variat. (G)

Freres Polonois, nom qu’on a donné aux Sociniens ou Unitaires, Anti-trinitaires, nouveaux Ariens, & qu’ils ont pris eux-mêmes, parce qu’ils étoient en fort grand nombre en Pologne, avant qu’ils en eussent été chassés par un arrêt public rendu dans une diete générale en 1660. Nous avons un recueil des ouvrages de leurs principaux auteurs imprimé sous le titre de bibliotheque des freres Polonois. Quant à leurs opinions & à leurs erreurs, voyez Sociniens & Socinianisme. (G)

Frere servant, (Hist. mod.) c’est le nom que l’on donne dans l’ordre de Malte, à ceux qui sont dans la derniere des trois classes dont cet ordre est composé.

On prétend que Raymond du Puy, second maître de cet ordre, ayant fait dessein d’ajoûter aux statuts de l’ordre, l’obligation de prendre les armes pour la défense des lieux saints, & ayant amené ses confreres dans ses vûes, fit dès-lors trois classes de tout le corps des hospitaliers. On mit dans la premiere ceux qui par leur naissance & le rang qu’ils avoient tenu autrefois dans les armées, étoient destinés à porter les armes. On fit une seconde classe des prêtres & des chapelains, qui outre les fonctions ordinaires attachées à leur caractere, soit dans l’Eglise, ou auprès des malades, seroient encore obligés chacun à leur tour, de servir d’aumôniers à la guerre ; & à l’égard de ceux qui n’étoient ni de maisons nobles, ni ecclésiastiques, on les appella freres-servans. Ils eurent en cette qualité, des emplois où ils étoient occupés par les chevaliers, soit auprès des malades, soit dans les armées, & ils furent distingués dans la suite par une cotte d’armes de différente couleur de celle des chevaliers. Vertot, histoire de Malte, liv. I. (D. J.)

FRÉSAIE, voyez Effraie.

FRESANGE, ou FRESSENGE, s. f. (Jurispr.) est un droit de porc, dû en certains lieux aux officiers des eaux & forêts par le fermier des glandées & paisson.

Ce mot vient de friscinga, qui signifie porc.

Il en est parlé dans un cartulaire de Saint-Denis, de l’an 1144, dans des lettres de Louis le Jeune de l’an 1147. Il donne aux lépreux de S. Lazare decem friscingas, de trois sous chacune, qui devoient être fournies par le fermier des boucheries de Paris. Il en est aussi parlé dans l’histoire de Gand, liv. V. pag. 263.

Ce droit se changeoit souvent en argent ou autre espece. M. de Lauriere en rapporte plusieurs exemples en son glossaire, au mot fresange.

Cet auteur pense que ce droit peut être la même chose que celui qui est appellé ailleurs porcellagium ou porcelatio ; mais que friscinga est quelque chose de moindre que porcus. Il y a apparence que pour chaque porc, on ne devoit pour fresange qu’un morceau d’un certain poids, ou l’équivalent. M. de Lauriere rapporte une charte de l’an 1553, suivant laquelle celui qui avoit trois porcs ou truies ne devoit que deux sous tournois pour le droit de fresange ; &

celui qui avoit voulu frauder le droit, devoit au seigneur soixante sous d’amende. (A)

FRESQUE, s. f. (Peinture.) On appelle peindre à fresque, l’opération par laquelle on employe des couleurs détrempées avec de l’eau, sur un enduit assez frais pour en être pénétré. En italien on exprime cette façon de peindre par ces mots, dipingere à fresco, peindre à frais. C’est de-là que s’est formée une dénomination, qui dans l’orthographe françoise semble avoir moins de rapport avec l’opération, qu’avec le mot italien dont elle est empruntée.

La théorie de l’art de la Peinture étend ses droit, sur toutes les façons de peindre existantes & possibles ; parce que les regles théoriques sont fondées sur l’examen de la nature, qui est le but général de toute imitation indépendante des moyens dont elle se sert. Il ne s’agit donc ici que d’exposer d’une façon claire les opérations nécessaires pour peindre à fresque.

Ce qui doit précéder ces opérations est un examen raisonné de l’endroit où l’on veut employer la fresque : il faut que l’artiste s’assûre de la parfaite construction des murailles ou des voûtes, auxquelles il est prêt de confier son ouvrage ; puisqu’il n’y a d’espérance de conserver les beautés dont, au moyen de la fresque, l’art peut embellir l’intérieur des palais ou des temples, qu’autant de tems que la construction des murs n’éprouvera aucun desordre.

La solidité de la construction reconnue, c’est d’un premier enduit, dont le mur doit être revêtu, que l’artiste doit s’occuper ; les matériaux qu’on employe étant différens suivant les pays où l’on construit, il faut faire ensorte que ceux de ces matériaux qui seroient par eux-mêmes moins propres à retenir l’enduit, le deviennent par les précautions qu’on peut prendre. La brique n’a besoin d’aucun secours pour se joindre aussi solidement qu’on le peut desirer au premier enduit : c’est aussi de tous les matériaux que l’on peut employer, celui qui convient mieux pour soûtenir la fresque. Si les murs sont construits avec des pierres raboteuses & pleines de trous, on peut encore se fier à ces inégalités du soin de retenir & de conserver le mélange qu’on y appliquera ; mais si la bâtisse est faite avec des pierres de taille, dont la surface est ordinairement assez lisse, il sera nécessaire de rendre cette surface inégale, d’y former pour cela de petites excavations, d’y faire entrer des clous ou des chevilles de bois qui puissent arrêter l’enduit & le joindre étroitement à la pierre. Ces précautions sont d’une extrème conséquence pour éviter les fentes ou les ardes que la moindre altération qui arriveroit aux matériaux, ou même l’effet alternatif que produit la sécheresse & l’humidité, pourroit occasionner.

Le premier enduit peut être fait avec de bonne chaux & du ciment de tuiles pilées : on employe plus ordinairement du gros sable de riviere, qu’on mêle à d’excellente chaux. Je ne doute pas que si la fresque étoit plus en usage, on ne pût trouver à composer un enduit peut-être plus compact encore, & plus indépendant des variations de l’air, tel qu’étoit, par exemple, celui dont on trouve revêtus les aqueducs & anciens réservoirs construits par les Romains aux environs de Naples : quel soin n’apportoit-on pas à ces recherches de construction ? & que nous sommes loin de l’industrie de ces peuples sur cet article ; nous qu’un usage assez peu refléchi conduit presque toûjours dans le choix & dans l’emploi des matériaux, que la nature semble nous avoir prodigués ; nous dont presque tous les bâtimens modernes portent un caractere national d’impatience & de précipitation !

Quoiqu’il soit nécessaire de dresser avec soin le premier enduit, pour que la surface qu’il compose