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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/950

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& le derriere de la tête, le côté postérieur du cou, le dos, le croupion, & toutes les plumes qui paroissoient sur les ailes lorsqu’elles étoient pliées, avoient une couleur brune, cendrée, excepté sur les bords de la plûpart des plumes ; ils étoient de couleur cendrée claire. Les côtés de la tête, le côté antérieur du cou, la gorge, & le ventre en entier avoient une couleur blanche, luisante, & argentée. Les côtés de la poitrine & du corps avoient des teintes de cendré, de blanc, & de roussatre ; le bec étoit en partie blanc, en partie cendré, en partie rougeâtre ; les pattes avoient une couleur cendrée, & les bords des membranes des doigts étoient jaunâtres ; il y avoit quatre doigts à chaque pié ; le doigt extérieur étoit le plus long, & le postérieur étoit le plus court ; les ongles ressembloient à ceux de l’homme. La poitrine & le ventre du grebe sont très-recherchés à cause de la belle couleur blanche & brillante des plumes & de leur finesse. On en fait des manchons, des paremens de robes, & d’autres parures de femmes. Il y a beaucoup de ces oiseaux sur le lac de Genève ; on tire de cette ville le plus grand nombre des peaux de grebe & les plus belles ; il en vient aussi de Suisse ; il s’en trouve en Bretagne, mais elles ne sont pas si belles ; on les appelle dans le commerce grebes de pays. J’en ai vû un à Montbard en Bourgogne il y a cinq ou six ans ; il y fut tué dans le plus grand froid de l’hyver ; on en a vû aussi aux environs de Paris, &c. Voyez Oiseau. (I)

GREC, s. m. (Grammaire.) ou langue greque, ou grec ancien, est la langue que parloient les anciens Grecs, telle qu’on la trouve dans les ouvrages de leurs auteurs, Platon, Aristote, Isocrate, Demosthene, Thucydide, Xenophon, Homere, Hésiode, Sophocle, Euripide, &c. Voyez Langue.

La langue greque s’est conservée plus long-tems qu’aucune autre, malgré les révolutions qui sont arrivées dans le pays des peuples qui la parloient.

Elle a été cependant altérée peu-à-peu, depuis que le siége de l’empire romain eut été transféré à Constantinople dans le quatrieme siecle : ces changemens ne regardoient point d’abord l’analyse de la langue, la construction, les inflexions des mots, &c. Ce n’étoit que de nouveaux mots qu’elle acquéroit, en prenant des noms de dignité, d’offices, d’emplois, &c. Mais dans la suite les incursions des Barbares, & sur-tout l’invasion des Turcs, y ont causé des changemens plus considérables. Cependant il y a encore à plusieurs égards beaucoup de ressemblance entre le grec moderne & l’ancien. Voyez l’article suivant Grec vulgaire.

Le grec a une grande quantité de mots ; ses inflexions sont autant variées, qu’elles sont simples dans la plûpart des langues de l’Europe. Voyez Inflexion.

Il a trois nombres ; le singulier, le duel, & le pluriel (voyez Nombre) ; beaucoup de tems dans les verbes ; ce qui répand de la variété dans le discours, empêche une certaine sécheresse qui accompagne toûjours une trop grande uniformité, & rend cette langue propre à toutes sortes de vers. Voyez Temps.

L’usage des participes, de l’aoriste, du prétérit, & les mots composés qui sont en grand nombre dans cette langue, lui donnent de la force & de la briéveté, sans lui rien ôter de la clarté nécessaire.

Les noms propres dans le grec signifient souvent quelque chose, comme dans les langues orientales. Ainsi Aristote signifie bonne fin ; Démosthene signifie force du peuple ; Philippe signifie qui aime les chevaux ; Isocrate signifie d’une égale force, &c.

Le grec est la langue d’une nation polie, qui avoit du goût pour les Arts & pour les Sciences qu’elle avoit cultivées avec succès. On a conservé dans les Langues vivantes quantité de mots grecs propres

des Arts ; & quand on a voulu donner des noms aux nouvelles inventions, aux instrumens, aux machines, on a souvent eu recours au grec, pour trouver dans cette langue des mots faciles à composer qui exprimassent l’usage ou l’effet de ces nouvelles inventions. C’est sur ce qu’ont été formés les noms d’acoustique, d’aréometre, de barometre, de thermometre, de logarithme, de télescope, de microscope, de loxodromie, &c.

Grec vulgaire ou moderne, est la langue qu’on parle aujourd’hui en Grece.

On a écrit peu de livres en grec vulgaire depuis la prise de Constantinople par les Turcs ; ceux que l’on voit ne sont guere que des catéchismes, & quelques livres semblables, qui ont été composés ou traduits en grec vulgaire par les Missionnaires latins.

Les Grecs naturels parlent leur langue sans la cultiver : la misere où les réduit la domination des Turcs, les rend ignorans par nécessité, & la politique ne permet pas dans les états du grand-seigneur de cultiver les Sciences.

Soit par principe de religion ou de barbarie, les Turcs ont détruit de propos-délibéré les monumens de l’ancienne Grece, & méprisé l’étude du grec, qui pouvoit les polir, & rendre leur empire florissant. Bien différens en cela des Romains, ces anciens conquérans de la Grece, qui s’appliquerent à en apprendre la langue, après qu’ils en eurent fait la conquête, pour puiser la politesse & le bon goût dans les Arts & dans les Sciences des Grecs.

On ne sauroit marquer précisément la différence qu’il y a entre le grec vulgaire & le grec littéral : elle consiste dans des terminaisons des noms, des pronoms, des verbes, & d’autres parties d’oraisons qui mettent entre ces deux langues une différence à-peu-près semblable à celle que l’on remarque entre quelques dialectes de la langue italienne ou espagnole. Nous prenons des exemples de ces langues, parce qu’elles sont plus connues que les autres ; mais on pourroit dire la même chose des dialectes des langues hébraïque, tudesque, esclavonne, &c.

Il y a aussi dans le grec vulgaire plusieurs mots nouveaux, qu’on ne trouve point dans le grec littéral, des particules qui paroissent explétives, & que l’usage seul a introduites pour caractériser certains tems des verbes, ou certaines expressions qui auroient sans ces particules le même sens, si l’usage avoit voulu s’en passer ; divers noms de dignités & d’emplois inconnus aux anciens Grecs, & quantité de mots pris des langues des nations voisines. Dictionnaire de Trévoux & Chambers. (G)

* Grecs (philosophie des). Je tirerai la division de cet article de trois époques principales, sous lesquelles on peut considérer l’histoire des Grecs, & je rapporterai aux tems anciens leur philosophie fabuleuse ; aux tems de la législation, leur philosophie politique ; & aux tems des écoles, leur philosophie sectaire.

De la philosophie fabuleuse des Grecs. Les Hébreux connoissoient le vrai Dieu ; les Perses étoient instruits dans le grand art de former les rois & de gouverner les hommes ; les Chaldéens avoient jetté les premiers fondemens de l’Astronomie ; les Phéniciens entendoient la navigation, & faisoient le commerce chez les nations les plus éloignées ; il y avoit long-tems que les Egyptiens étudioient la Nature & cultivoient les Arts qui dépendent de cette étude ; tous les peuples voisins de la Grece étoient versés dans la Théologie, la Morale, la Politique, la Guerre, l’Agriculture, la Métallurgie, & la plûpart des Arts méchaniques que le besoin & l’industrie font naître parmi les hommes rassemblés dans des villes & soûmis à des lois ; en un mot, ces contrées que le grec orgueilleux appella toûjours du nom de Barbares,