Aller au contenu

Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contiennent les livres des pseaumes, des proverbes, de Job, de Daniel, d’Esdras, des chroniques, du cantique des cantiques, de Ruth, des lamentations, de l’Ecclésiaste & d’Esther.

Les Juifs donnent aussi quelquefois à ces livres le nom d’écrits par excellence, comme ayant été composés d’après l’interprétation immédiate du Saint-Esprit. C’est ainsi qu’en parlent Kimchi dans sa préface sur les pseaumes ; Maimonides, in more Nevoch & Elias Levite, dans son thisbi. Cependant ils distinguent les hagiographes des prophetes, parce que les premiers n’ont point reçu la matiere de leurs livres par la voie qu’ils appellent prophetia, laquelle consiste en songes, visions, souffles, paroles entendues, extases, &c. mais purement & simplement par l’inspiration & la direction du Saint-Esprit. Voyez Inspiration.

On appelle encore hagiographe en général, tout auteur qui a travaillé sur la vie & les actions des saints. Ainsi en ce sens les Bollandistes sont les plus savans & les plus volumineux hagiographes que nous ayons. (G)

HAGIOSIDERE, s. m. (Théolog.) Les Grecs qui sont sous la domination des Turcs, ne pouvant point avoir de cloches, se servent d’un fer au bruit duquel les fideles s’assemblent à l’église ; & ce fer s’appelle hagiosideron, mot composé d’ἅγιος, saint, & de σίδηρος, fer.

Magios donne la description d’un hagiosidere qu’il a vû, & il dit que c’est une lame large de quatre doigts & longue de seize, attachée par le milieu à une corde qui la tient suspendue à la porte de l’église ; on frappe dessus avec un marteau.

Lorsqu’on porte le viatique aux malades, celui qui marche devant le prêtre porte un hagiosidere sur lequel il frappe trois fois de tems-en-tems, comme on sonne ici une clochette pour avertir les passans d’adorer. Dictionn. de Trév. (G)

HAGR ou HAGIAR, ou HAGIAZ, (Géogr.) ville de l’Arabie Heureuse en Asie dans la province d’Hagias, à 35 lieues N. de Médine. Cette ville paroît être celle que Ptolomée & Strabon appellent Petra deserti ; elle fournit son nom à l’Arabie Petrée ; les sultans de Syrie & d’Egypte l’ont possédée long-tems. Voyez Petra. Nassireddin lui donne 83d. 30′. de long. & 25d. 15′. de latitude septentrionale. (D. J.)

HAGUENAU, Hagonoja, (Géogr.) petite ville de France en Alsace, capitale d’un bailliage ou préfecture de même nom, autrefois impériale. Les François la prirent en 1673, & les Impériaux en 1702 ; les François la reprirent en 1703, & les Impériaux en 1705, après que le prince Louis de Bade eut forcé les lignes des François, qui néanmoins s’en rendirent encore maîtres en 1706. Elle est sur la Motter qui la divise en deux parties, à 5 lieues N. de Strasbourg, 6 O. de Bade, 10 S. O. de Landau, 102 E. de Paris. Long. 25d. 27′. 55″. latit. 48d. 48′. 45″.

Haguenau a donné le jour à Capiton (Wolphang Fabrice), qui se fit recevoir docteur en Medecine, en Droit & en Théologie ; mais il se distingua seulement dans cette detniere science : il devint un des plus habiles théologiens de son tems dans le parti d’Œcolampade, dont il épousa la veuve. Il mourut de la peste en 1542, âgé de 63 ans. (D. J.)

HAHELAND, (Géogr.) district dans la Prusse polonoise, où est située la ville d’Elbingen.

HAI, s. m. il se dit en jargon de Riviere, d’un endroit dangereux où l’eau tournoye, comme il arrive ordinairement à la culée d’une pile de pont, du côté d’aval.

* HAIÇONS, s. m. pl. (terme de Pêche) c’est ainsi qu’on appelle dans l’amirauté de Bayonne une sorte

de petits bateaux peu différens de ceux qu’on y appelle des tillolles.

HAICTITES, s. m. pl. (Hist. mod.) secte de la religion des Turcs. Ceux qui y sont attachés croyent comme les Chrétiens que Jesus-Christ a pris un corps réel, & qu’il s’est incarné dans le tems, quoiqu’il fût éternel. Ils ont même inseré dans leur profession de foi, que le Christ viendra juger le monde au dernier jour, parce qu’il est écrit dans l’alcoran : ô Mahomet, tu verras ton Seigneur qui viendra dans les nues. Or ce mot de Seigneur, ils l’appliquent au Messie, & ils avouent que ce Messie est Jesus-Christ, qui, disent-ils, reviendra au monde avec le même corps dont il étoit revétu sur la terre, pour y régner quarante ans, & détruire l’empire de l’ante-christ, après quoi la fin du monde arrivera. Cette derniere opinion, selon Pocok, n’est pas particuliere à la secte des Haictites, mais généralement répandue parmi tous les Turcs. Ricaut, de l’empire ottoman. (G)

HAIDENSCHAFFT, (Géog.) ville d’Allemagne, au duché de Carinthie, sur la riviere de Kobel.

HAIDINGSFELD, (Géog.) petite ville d’Allemagne, en Franconie, dans l’évêché de Wurtsbourg.

HAIE, ou HAYE, s. f. (Agriculture.) c’est une longueur de plants servant de clôture à un jardin ou à un champ, laquelle est plantée d’épines blanches, de charmes, d’ormes, de ronces & de brossailles.

On dit une haie vive, une haie morte, une haie d’appui ; la haie d’appui a pris ce nom de sa hauteur ; la haie vive, de sa nature qui est de plan es ayant racines & vivaces ; la haie morte, des échalats, fagots, ou branches seches dont elle est faite.

Haie, ou plûtôt Haye, (Droit franç. coutumier.) les haies sont quelquefois un sujet de disputes, que les Lois ont de la peine à prévenir, ou à régler. Suivant le Droit coutumier de France, ceux qui plantent une haie, doivent laisser un espace entre la haie & le fonds voisin : si elle est vive, la distance doit être d’un pié & demi : si elle est de bois mort, on peut l’établir sur l’extrémité du fonds, sans laisser aucun vuide ; parce que semblable clôture ne sauroit préjudicier au fonds voisin. Ce n’est donc qu’à l’égard de la haie vive, qu’il survient des contestations de propriété ; par exemple, lorsque deux voisins reclament chacun la haie, & que le juge ignore à qui elle doit appartenir ; en ce cas, le sentiment de Coquille, dans ses quest. chap. cxlviij. est que s’il y a un fossé du côté de la haie, elle doit appartenir au propriétaire du fonds qui est au-delà du fossé & de la haie : dans le doute, ajoûte-t-il, on doit juger de la propriété de la haie par la qualité & par la nature des héritages qui sont aux deux côtés ; car si elle est entre une terre que l’on seme & une vigne, la présomption sera qu’elle appartient au propriétaire de la vigne, à qui la clôture est plus nécessaire qu’à la terre. Il en est de même d’une haie plantée entre une terre & un pré, le pré étant exposé à la pâture du bétail, s’il n’est pas clos. Loisel, dans ses Institutions coutumieres, liv. II. tit. iij. art. 8. a décidé de même que Coquille. Aubert, addit. à Richelet. (D. J.)

Haie, c’est dans l’Art militaire une disposition de soldats sur une ligne droite ou sur un seul rang ; ensorte que mettre des soldats en haie, c’est les mettre sur un seul rang. Voyez Evolutions. (Q)

HAIE (la) Géog.) lieu charmant des Provinces-Unies dans la province d’Hollande, autrefois résidence des comtes de Hollande, d’où lui vient son nom flamand de S’Gravenhagen, que l’on exprime en latin par Haga Comitum.

C’est aujourd’hui le centre du gouvernement de la république, la demeure des membres des Etats-généraux, des ambassadeurs & ministres étrangers.