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che ou coffre de bois, & est reprise par une ou plusieurs pompes successivement jusqu’en-haut. Le mouvement est une tringle de bois qui fait agir tous les coffres par le moyen de deux bielles & d’une tringle de fer coudée qui y est attachée, & qui se rend par-dessous dans le coffre où est la plate-forme ; en-haut c’est un rouet & une lanterne que font mouvoir deux chevaux attelés dans un manege.

On ne fait monter l’eau qu’à vingt-quatre piés & à plusieurs reprises, que pour soulager la colonne d’eau ou tuyau montant ; car on pourroit élever l’eau tout d’un coup à deux cent piés par une pompe foulante ; le minéral est monté à bras dans des sceaux par le moyen d’un treuil.

Fig. 3. Cette machine peut être mûe par la force de l’eau, savoir par le courant d’une riviere, ou faisant tomber la chûte d’un ruisseau sur les aubes de la roue qui feroit agir une manivelle coudée où seroient attachées les deux tringles de fer qui correspondent aux coffres posés dans le bas de l’eau.

Un moulin à vent peut aussi faire agir de la même maniere cette machine, en mettant la manivelle dans le haut, & correspondante à l’axe des deux aîles, alors la tringle passe à-travers un arbre creusé, tourne de tous sens, & vient se communiquer à un balancier que levent les tringles qui vont faire agir les plate-formes des coffres, qui sont posés au bas de la citerne.

Fig. 4. On voit de face le chassis de fer, qui est attaché au bout de la tringle de fer, pour donner le mouvement à la plate-forme CC ; au bas du chassis se voit la patte-de-chat BB qui est chevillée sur la plate-forme pour la faire mouvoir.

On trouvera ici l’application de la même machine à une pompe à cheval, dont on voit (fig. 5.) le manege A, le rouet B portant sur son pivot C, la lanterne D, la manivelle E qui fait lever & baisser les trois tringles FFF garnies de leur chassis ou portes qui donnent le mouvement aux plate-formes des coffres placés au fond d’un puits, & font élever l’eau par les trois cheminées GGG qui se raccordent par une fourche au tuyau H, qui porte l’eau au réservoir.

Il est bon de remarquer que quand la manivelle est simple, il n’y a qu’une plate-forme dans le coffre ; lorsqu’elle est coudée ou à tiers-point, il y a une ou deux séparations dans le coffre pour y loger deux ou trois plate-formes, ce qui ne change rien à la méchanique de cette machine, ce qui revient aux trois corps de pompe ordinaires. La tringle est simple pour une plate-forme ; quand il y en a deux, la tringle se termine en-bas par une patte à deux branches, qui prend sur la plate-forme.

Fig. 6. Cette machine est encore d’une grande utilité, quand on veut dessécher un marais, ou vuider une piece d’eau, en l’établissant sur un des bords & par des bascules menées par deux ou quatre hommes qui se succéderont, sans discontinuité, d’heure en heure ; on fera mouvoir deux tringles qui feront agir deux plate-formes dans un coffre, d’où l’eau passant par les deux cheminées, sera portée par une fourche dans le tuyau montant, pour se vuider dans une auge de bois & se perdre où l’on jugera à propos, toûjours un peu loin de la piece, afin que l’eau en filtrant à-travers les terres, n’y puisse revenir. C’est ainsi que les Bénédictins ont vuidé, au village de Cachans près Paris, une grande piece d’eau de près de trois arpens d’étendue, & de cinq piés de profondeur, en dix jours de tems.

C’est sur le pié de 6000 muids en vingt-quatre heures, & 60000 en tout pendant les dix jours, avec quatre hommes qui se relevoient d’heure en heure, & quatre hommes frais pour la nuit.

Fig. 7. Le moindre effet que peut faire cette ma-

chine est d’être employé à faire jouer une pompe à bras, placée dans un puits pour l’usage d’un petit jardin ou d’une maison ; on mettra au bas du puits un coffre séparé en deux par une cloison, pour y loger deux plate-formes qui feront monter l’eau dans deux hottes, ou par une fourche elle se joindra au tuyau montant, d’où l’eau tombera dans une auge de pierre ou de plomb à l’usage de la maison ; les deux tringles correspondantes aux deux plate-formes seront mûes par une manivelle à bras, dont le mouvement sera vertical par le moyen d’un tourillon ; en haussant une pendant que l’autre descendra sans aucune interruption, elles jetteront de l’eau dans l’auge de pierre.

L’avantage de cette machine est de n’avoir point de pistons ni de corps de pompe, & d’avoir peu de frottement, de s’user moins qu’une autre, d’être de peu d’entretien, de coûter moins dans l’exécution, qui ne passe pas ordinairement, étant simple, la somme de douze cent livres ; de pouvoir servir aux mines, aux desséchemens des marais & fossés ; de se loger dans les puits & par-tout, sans échafaudage & sans grande préparation ; d’être mise en mouvement par des hommes, des chevaux, par l’eau & par le vent, & avec tout cela d’amener dans le même espace de tems le double de l’eau que peut fournir la meilleure machine qui ait été éxécutée jusqu’à présent. La raison en est fort simple : le coffre, où est renfermée la plate-forme mouvante, a ordinairement deux piés & demi de long sur neuf pouces de large, & un pié environ de haut, & par sa capacité & étendue a plus de jeu, contient plus d’eau, & l’agite plus violemment qu’un corps de pompe d’un pié de diametre, avec un piston qui lui soit proportionné ; ainsi la pompe à cheval du pont-aux-choux fournit, avec les deux maneges à quatre chevaux tirant ensemble, & les six corps de pompes aspirantes, environ deux muids par minutes ; celle de M. Dupuis fournit, sans manege, mue par quatre hommes, quatre muids & quatre cinquiemes par minute, à seize piés de haut, suivant le rapport de MM. de l’académie des Sciences.

Si elle étoit exécutée en grand avec une manivelle à tiers-point, une plate-forme percée de trois clapets, qu’elle fût mûe par un seul cheval dans un manege avec un train, un rouet & une lanterne, ce qui augmente beaucoup la force du moteur, elle fourniroit huit-muids au moins par minute, le reste du produit abandonné pour les frottemens, ce qui feroit par jour 11520 muids.

Pompe à bras. La pompe à bras A (figure premiere) est composée d’un tuyau de plomb B B de deux pouces de diametre, ayant son extrémité C coudée & portée sur un socle de bois D ; ce bout coudé doit être percé de plusieurs trous, & tremper dans l’eau du puits E, & ce tuyau doit aboutir à un plus large d’environ cinq pouces de diametre, servant de corps de pompe fait en entonnoir pour se raccorder avec le tuyau aspirant B B, & pour servir à loger à force le petit barillet F couvert d’une soupape ou clapet G, & garni de filasse pour empêcher l’eau de descendre ; le piston H est garni de cuir par en-haut avec son clapet I, & attaché à une anse de fer K, suspendue à une verge de fer L, attachée à la bascule M, composée d’un levier & d’une poignée N, soutenue par un étrier de fer O, attaché à la cuvette par deux liens de fer avec un œil & un boulon de fer, où tournent les deux bras du levier M & N. L’eau tombe par une gargouille P, où est un masque dans une cuvette de pierre Q.

Fig. 2. La même machine A est répétée de profil ; les figures marquées RS fig. 3. sont deux outils de fer qui servent dans le tuyau à asseoir ou à retirer le barillet F que les ouvriers appellent le secret.