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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/637

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On distingue aussi l’impuissance absolue d’avec celle qui est seulement respective ou relative. La premiere, quand elle est perpétuelle, qu’elle a précédé le mariage, le dissout, & empêche d’en contracter un autre. Au lieu que l’impuissance respective ou relative, c’est-à-dire, qui n’a lieu qu’à l’égard de deux personnes entr’elles, n’empêche pas ces personnes, ou celle qui n’a point en elle de vice d’impuissance, de contracter mariage ailleurs.

La frigidité est lorsque l’homme, quoique bien conformé extérieurement, est privé de la faculté qui anime les organes destinés à la génération.

Le défaut de semence de la part de l’homme est une cause d’impuissance : mais on ne peut pas le regarder comme impuissant, sous prétexte que sa semence ne seroit pas prolifique ; c’est un mystere que l’on ne peut pénétrer.

La stérilité de la femme, en quelque tems qu’elle arrive, n’est pas non plus considérée comme un effet d’impuissance proprement dite, & conséquemment n’est point une cause pour dissoudre le mariage.

On met au nombre des empêchemens dirimans du mariage le maléfice, supposé qu’il provînt d’une cause surnaturelle (ce que l’on ne doit pas croire légérement), & qu’après la pénitence enjointe & la cohabitation triennale, l’empêchement ne cessât point & fût réputé perpétuel : mais si l’impuissance provenant de maléfice, peut être guérie par des remedes naturels, ou que la cause ne paroisse pas perpétuelle, ou qu’elle ne soit survenue qu’après le mariage : dans tous ces cas elle ne forme point un empêchement dirimant.

Quoique le défaut de puberté soit un empêchement au mariage, cet empêchement ne seroit pas dirimant, si la malice & la vigueur avoient précédé l’âge ordinaire de la puberté.

La vieillesse n’est jamais réputée une cause d’impuissance, ni un empêchement au mariage, soit qu’elle précede le mariage, ou qu’elle survienne depuis.

Il en est de même des infirmités qui seroient survenues depuis le mariage, quand même elles seroient incurables, & qu’elles rendroient inhabiles à la génération.

La connoissance des demandes en nullité de mariage pour cause d’impuissance appartient naturellement au juge séculier ; & pendant les six premiers siecles de l’Eglise, les juges séculiers étoient les seuls devant lesquels ces sortes de causes fussent portées. Néanmoins, présentement les juges d’église sont en possession de connoître de ces sortes de demandes, sauf en cas d’abus l’appel au parlement.

Les premieres auxquelles on a recours dans cette matiere, sont l’interrogatoire des parties, le serment des parens, la visite du mari & de la femme. On ordonne aussi la preuve du mouvement naturel, lorsque le mari est accusé de frigidité.

On ordonnoit aussi autrefois le congrès, ce qui a été sagement aboli.

On ordonne seulement encore quelquefois la cohabitation triennale pour éprouver les parties, & connoître si l’impuissance est réelle & perpétuelle.

Dans le cas où le mariage est déclaré nul pour cause d’impuissance, les canons permettent aux contractans la cohabitation fraternelle ; mais alors ils doivent réellement vivre avec la même retenue que des personnes qui ne sont point mariées.

Voyez au code le titre de frigidis & castratis, & aux décrétales le titre de frigidis & maleficiatis, les conférences de Caseneuve, Hotman & Tagerau, traités de l’impuissance. Voyez aussi le traité de la dissolution du mariage pour cause d’impuissance, par M. Bouhier. (A)

IMPUISSANT, adj. (Jurisprud.) se dit de ce qui est inhabile à faire quelque chose.

On appelle impuissant un homme qui est inhabile à la génération. Voyez ci-dessus Impuissance.

On dit aussi qu’un acte ou un titre & un moyen est impuissant pour prouver telle chose, c’est-à-dire, qu’il ne peut pas avoir cet effet. (A)

IMPULSIF, adj. (Physique.) qui agit par impulsion. Ainsi on dit force impulsive, vertu impulsive. Voyez Impulsive.

IMPULSION, s. f. (Physique.) est l’action d’un corps qui en pousse un autre, & qui tend à lui donner du mouvement, ou qui lui en donne en effet. On trouvera à l’article Percussion les lois de l’impulsion des corps. On verra dans ce même article & aux articles Communication & Équilibre, ce qu’on peut penser sur la nécessité de ces lois. Au reste, la propriété ou la vertu par laquelle un corps en pousse un autre, & lui communique du mouvement, est quelque chose de fort obscur, & il semble qu’on doit être presque aussi étonné de voir qu’un corps qui en frappe un autre, le dérange de sa place, que de voir un morceau de fer se précipiter vers une pierre d’aimant, ou une pierre tomber vers la terre. C’est donc une erreur de croire que l’idée de l’impulsion ne renferme aucune obscurité, & de vouloir, à l’exclusion de tout autre principe, regarder cette force comme la seule qui produise tous les effets de la nature. S’il n’est pas absolument démontré qu’il y en ait d’autre, il s’en faut beaucoup qu’il soit démontré que cette forme soit la seule qui agisse dans l’univers. Voyez Attraction, Gravitation, &c. (O)

* IMPUNI, IMPUNITÉ, IMPUNÉMENT, (Gram. & Morale.) Les fautes demeurent impunies, ou parce que la loi n’a point décerné de châtiment contre elles, ou parce que le coupable réussit à se soustraire à la loi. Ce qui arrive ou par les précautions qu’il a prises pour n’être point convaincu, ou par les malheureuses prérogatives de son état, de son rang, de son autorité, de son crédit, de sa fortune, de ses protections, de sa naissance, ou par la prévarication du juge ; & le juge prévarique, lorsqu’il néglige la poursuite du coupable ou par indolence ou par corruption. Quelle que soit la cause de l’impunité, elle encourage au crime.

IMPURETÉ, s. f. (Medecine.) nom entierement françois, par lequel on désigne la non pureté des premieres voies, c’est-à-dire, l’état de l’estomac & des intestins infectés, altérés & corrompus, il répond au mot grec ἀκαθαίρεσις. Il s’annonce par des pesanteurs d’estomac, douleurs de tête, diarrhées, vomissement, rots, défaut d’appétit ; la langue est chargée, amere, &c. Ce vice est fameux en Medecine par les distinctions minutieuses & innombrables qu’on en a établi, & par les rôles multipliés qu’on lui a fait jouer dans la production des maladies. En effet, quelques écrivains spéculatifs ont divisé & subdivisé les impuretés, saburre, crudités, en acide, alkaline, muriatique, insipide, bilieuse, pituiteuse, &c. & chaque vice particulier a été censé le germe d’une maladie différente ; le passage des impuretés dans le sang renferme presque toute la théorie moderne, c’est la base de toutes les maladies aiguës, la célebre cause morbifique à combattre, & dont il faut empêcher l’augmentation pour prévenir les redoublemens ; c’est aussi le foyer qu’il faut vuider dans toutes les maladies généralement, parce qu’il n’en est point, disent-ils, qui ne soient produites, ou du moins entretenues par un foyer d’impuretés, par un levain vicieux placé dans les premieres voies ; & c’est enfin la source de ces indications toûjours les mêmes, toûjours semblables & toûjours uniques, de purger & de rétablir les