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se rendre attentifs aux sons qui avoient le plus de rapport à ce qu’on vouloit peindre. S’il y avoit un idiome dans lequel ce rapport fût rigoureusement observé, ce seroit une langue universelle.

Mais la différence des climats, des mœurs & des temperamens fait que tous les habitans de la terre ne sont point également sensibles ni également affectés. L’esprit pénétrant & actif des Orientaux, leur naturel bouillant, qui se plaisoit dans de vives émotions, durent les porter à inventer des idiomes dont les sons forts & harmonieux fussent de vives images dés objets qu’ils exprimoient. De là ce grand usage de métaphores & de figures hardies, ces peintures animées de la nature, ces fortes inversions, ces comparaisons fréquentes, & ce sublime des grands écrivains de l’antiquité.

Les peuples du nord vivans sous un ciel très-froid, durent mettre beaucoup moins de feu dans leur langage ; ils avoient à exprimer le peu d’émotions de leur sensibilité ; la dureté de leurs affections & de leurs sentimens dut passer nécessairement dans l’expression qu’ils en rendoient. Un habitant du nord dut répandre dans sa langue toutes les glaces de son climat.

Un françois placé au centre des deux extrémités, dut s’interdire les expressions trop figurées, les mouvemens trop rapides, les images trop vives. Comme il ne lui appartenoit pas de suivre la véhémence & le sublime des langues orientales, il a dûu se fixer à une clarté élégante, à une politesse étudiée, & à des mouvemens froids & délicats, qui sont l’expression de son tempérament. Ce n’est pas que la langue françoise ne soit capable d’une certaine harmonie & de vives peintures, mais ces qualités n’établissent point de caractere général.

Non seulement le langage de chaque nation, mais celui de chaque province, se ressent de l’influence du climat & des mœurs. Dans les contrées méridionales de la France, on parle un idiome auprès duquel le françois est sans mouvement, sans action. Dans ces climats échauffés par un soleil ardent, souvent un même mot exprime l’objet & l’action ; point de ces froides gradations, qui lentement examinent, jugent & condamnent : l’esprit y parcourt avec rapidité des nuances successives, & par un seul & même regard, il voit le principe & la fin qu’il exprime par la détermination nécessaire.

Des hommes qui ne seroient capables que d’une froide exactitude de raisonnemens & d’actions, y paroîtroient des êtres engourdis, tandis qu’à ces mêmes hommes il paroîtroit que les influences du soleil brûlant ont dérangé les cerveaux de leurs compatriotes. Ce dont ces hommes transplantés ne pourroient suivre la rapidité, ils le jugeroient des inconséquences & des écarts. Entre ces deux extrémités, il y a des nuances graduées de force, de clarté & d’exactitude dans le langage, tout de même que dans les climats qui se suivent il y a des successions de chaud au froid.

Les mœurs introduisent encore ici de grandes variétés ; ceux qui habitent la campagne connoissent les travaux & les plaisirs champêtres : les figures de leurs discours sont des images de la nature ; voilà le genre pastoral. La politesse de la cour & de la ville inspire des comparaisons & des métaphores prises dans la délicate & voluptueuse métaphysique des sentimens ; voilà le langage des hommes polis.

Ces variétés observées dans un même siecle, se trouvent aussi dans la comparaison des divers tems. Les Romains, avec le même bras qui s’étoit appesanti sur la tête des rois, cultivoient laborieusement le champ fortuné de leurs peres. Parmi cette nation féroce, disons mieux guerriere, l’agriculture fut en honneur. Leur langage prit l’empreinte de leurs

mœurs, & Virgile acheva un projet qui seroit très-difficile aux François. Ce sage poëte exprima en vers nobles & héroïques les instrumens du labourage, la plantation de la vigne & les vendanges ; il n’imagina point que la politesse du siecle d’Auguste pût ne pas applaudir à l’image d’une villageoise qui avec un rameau écume le moût qu’elle fait bouillir pour varier les productions de la nature.

Puisque du différent génie des peuples naissent les différens idiomes, on peut d’abord décider qu’il n’y en aura jamais d’universel. Pourroit-on donner à toutes les nations les mêmes mœurs, les mêmes sentimens, les mêmes idées de vertu & de vice, & le même plaisir dans les mêmes images, tandis que cette différence procede de celle des climats que ces nations habitent, de l’éducation qu’elles reçoivent, & de la forme de leur gouvernement ?

Cependant la connoissance des diverses langues, du moins celle des peuples savans, est le véhicule des sciences, parce qu’elle sert à démêler l’innombrable multitude des notions différentes que les hommes se sont formées : tant qu’on les ignore, on ressemble à ces chevaux aveugles dont le sort est de ne parcourir qu’un cercle fort étroit, en tournant sans cesse la roue du même moulin. (D. J.)

LANGE, s. m. (Gramm.) on comprend sous ce nom tout ce qui sert à envelopper les enfans en maillot. Les langes qui touchent immédiatement à l’enfant & qui servent à la propreté, sont de toile ; ceux de dessus & qui servent à la parure, sont de satin ou d’autres étoffes de soie ; les langes d’entre deux, qui servent à tenir la chaleur & qui sont d’utilité, sont de laine.

Langes, à l’usage des imprimeurs en taille-douce, voyez l’article Imprimerie taille-douce.

LANGEAC, (Géog.) Langiacum, petite ville de France dans la basse Auvergne, diocese de Clermont, élection de Riom, proche l’Allier, entre des montagnes, à 8 lieues N. E. de Saint-Flour, 17 S. E. de Clermont. Long. 21. 10. lat. 45. 3.

LANGELAND, (Géog.) Langelandia, petite île de Danemark dans la mer Baltique. Elle produit du blé, a des paturages & du poisson en abondance. Le nom de Langeland, c’est-à-dire long-pays, marque la figure de l’île, qui a 6 à 7 milles dans sa longueur, & 1 mille dans sa largeur. Il n’y a dans cette île qu’un bourg nommé Rutcoping, un château & six villages. Long. 28. 45. lat. 54. 52. 55.

LANGENSALTZA, (Géogr.) ville & château d’Allemagne en Thuringe, dans les états de Saxe-Weissenfels.

LANGESTRAAT, (Géog.) petit pays de la Hollande méridionale qui se trouve entre les villes de Heusden & la Mayerie de Bois-le-duc.

LANGETS, ou plûtôt LANGEAY, LANGEY, (Géog.) en latin Alingavia, Lingia, Langiacum, ancienne petite ville de France en Touraine sur la Loire, à 4 lieues O. de Tours. Long. 17. 58. lat. 47. 20. (D. J.)

LANGHARE, s. m. (Hist. nat. Bot.) arbrisseau de l’île de Madagascar, dont les feuilles sont déchiquetées comme celles du châteignier, mais plus dures & plus piquantes. Ses fleurs naissent sur l’écorce du tronc sans avoir de queue ; ce tronc qui est droit en est tout couvert : elles sont rouges comme du sang, d’un goût acre qui excite la salive : elles purgent violemment au point que les habitans les regardent comme un poison.

LANGIONE, (Géogr.) ville d’Asie, capitale du royaume de Lar, avec un grand palais où le roi fait sa résidence. Les Talapoins seuls ont le droit de bâtir leurs couvens & leurs maisons de pierres & de briques ; cette ville est sur une petite riviere à 54 lieues N. E. d’Ava. Long. 116. 20. lat. 18. 38.