Page:Diderot - Le Neveu de Rameau.djvu/102

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s’attendent à des procédés honnêtes de la part des gens nés vicieux, des caractères vils et bas, sont-ils sages ? Tout a son vrai loyer dans ce monde. Il y a deux procureurs généraux, l’un à votre porte, qui châtie les délits contre la société ; la nature est l’autre. Celle-ci connaît tous les vices qui échappent aux lois. Vous vous livrez à la débauche des femmes, vous serez hydropique ; vous êtes crapuleux, vous serez pulmonique ; vous ouvrez votre porte à des marauds et vous vivez avec eux, vous serez trahi, persiflé, méprisé : le plus court est de se résigner à l’équité de ces jugements, et de se dire à soi-même : c’est bien fait ; de secouer ses oreilles et de s’amender, ou de rester ce qu’on est, mais aux conditions susdites.

MOI. — Vous avez raison.

LUI. — Au demeurant, de ces mauvais contes, moi je n’en invente aucun, je m’en tiens au rôle de colporteur. Ils disent qu’il y a quelques jours, sur les cinq heures du matin, on…

MOI. — Vous êtes un polisson. Parlons d’autre chose. Depuis que nous causons, j’ai une question sur la lèvre.