Page:Diderot - Le Neveu de Rameau.djvu/156

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était autrefois notre habit monastique, avec la même vertu : les cyniques étaient les Carmes et les Cordeliers d’Athènes.

LUI. — Je vous y prends ! Diogène a donc aussi dansé la pantomime, si ce n’est devant Périclès, du moins devant Laïs ou Phryné ?

MOI. — Vous vous trompez encore : les autres achetaient bien cher la courtisane qui se livrait à lui.

LUI. — Mais il faut un bon lit, une bonne table, un vêtement chaud en hiver, un vêtement frais en été, du repos, de l’argent, et beaucoup d’autres choses, que je préfère devoir à la bienveillance, plutôt que de les acquérir par le travail.

MOI. — C’est que vous êtes un fainéant, un gourmand, un lâche, une âme de boue.

LUI. — Je crois vous l’avoir dit.

MOI. — Les choses de la vie ont un prix sans doute ; mais vous ignorez celui du sacrifice que vous faites pour les obtenir. Vous dansez, vous avez dansé et vous continuerez de danser la vile pantomime.

LUI. — Il est vrai ; mais il m’en a peu coûté,