Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Oui, devant ce visage au teint de marbre, aux yeux
Sublimes, obscurcis de secrets orgueilleux ;
Devant le solennel silence de ces lèvres
Qu'agitait le travail accéléré des fièvres ;
Devant cette victime offerte sans combats
Au messager divin dont elle entend les pas,
Un sanglot me remplit pour l'existence entière ;
Et sur mon passé mort, c'est la mourante altière
Et sans rivale en moi qui régna, dans sa paix,
Et dans sa mer d'ébène, immuable à jamais.
- Ah ! Dans des yeux profonds si nos yeux savent lire,
En ce moment, les siens révélaient le martyre
De la vierge que brûle un indicible amour,
Que l'angoisse a déjà consumée à son tour,
Et qui dans sa noblesse et sa pudeur s'exile,
Tandis qu'en sa fierté périt son corps tranquille.
Et si, pendant le cours d'un dernier entretien,
Ce soir-là son regard eût plongé dans le mien,
Certe, elle eût tressailli d'y voir jaillir vers elle
Un feu lui renvoyant par la même étincelle
Ma douleur infinie en son mal infini.
Et si la mort qui plane autour d'un front terni
Laisse parfois le sang y refluer peut-être,
Comme au sommet brumeux la rougeur vient renaître,
Qui donc pourrait la faire obéir à sa loi ?
Qui donc peut commander aux dieux, si ce n'est toi,
Amour, dieu tout puissant, roi des métamorphoses ?
Dans la bise du moins tu m'as dicté ces choses.
L'impossible, c'était d'être là. Je t'ai cru.