Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/232

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L'ancien orgueil n'est plus, ô peuples endormis !
Qui flamboyait encor sur votre front naguère.
L'orgueil a terrassé les dieux, ses ennemis ;
Il est mort de sa gloire en regrettant la guerre.

Aux dernières clartés de nos feux, en troupeau,
Mêlés au vil bétail que courbe l'épouvante,
Attendons les yeux bas, n'ayant plus de vivante
En nous que la terreur qui court sous notre peau.

Quelqu'un sent-il vers l'or frémir ses doigts inertes,
Et le honteux prurit crisper encor sa chair ?
Non, tout désir s'éteint dans nos âmes désertes.
Plus rien qui dans nos cils allume un seul éclair.

Soif du sang fraternel, fièvre chaude du crime,
Vous attestiez la vie au moins par le combat.
Le mal qui vous leurrait de son sinistre appât,
Par deux vertus peut-être ennoblissait l'abîme.

Force et courage en nous sont morts avec le mal.
Les vices n'ont plus rien en nos cœurs qui fermente.
Sur l'esprit avili triomphe l'animal
Qui vers un imminent inconnu se lamente.

Qui d'entre nous jamais t'a pris pour guide,honneur ?
A senti ton levain soulever sa colère ?
Il gît sous nos fumiers, ton dogme tutélaire.
Tu dors depuis longtemps, fantôme raisonneur.