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PRÉFACE.

la préparation des extraits pharmaceutiques, à moins d’admettre que les anciens aient connu le moyen de retirer des végétaux les alcaloïdes, l’aconitine de l’aconit, la cicutine de la ciguë, etc. ; ce qui ne me paraît point vraisemblable.

« Thémistocle périt comme Jason, par le sang de taureau. » (Liv. IV, 60 ; XI, 58.) Cette intoxication a été une pierre d’achoppement pour tous les commentateurs qui se sont refusés à reconnaître au sang des propriétés vénéneuses. Le sang de bœuf, de porc, etc., ne sert-il pas tous les jours d’aliments ? Il y a à cela une réponse qui, selon moi, tranche toutes les difficultés : pour que le sang de taureau, comme celui de tout autre animal, devienne un poison, et des plus actifs, il faut qu’il soit, non pas frais, mais à l’état de putréfaction. C’est du sang de taureau putréfié, c’est-à-dire un poison septique, que les Athéniens donnaient à boire aux condamnés à mort. Tout le monde connaît les accidents d’empoisonnement si souvent occasionnés par les produits de charcuterie mal conservés.

Il résulte de l’ouvrage de Diodore et de l’Alexipharmaque de Dioscoride, que presque tous les poisons connus des anciens étaient empruntés au règne organique ; c’étaient à la fois les plus énergiques et les plus difficiles à constater en médecine légale.

Quiconque aborde, sans être suffisamment initié dans les sciences, la critique ou la traduction des historiens anciens, s’expose quelquefois à commettre les plus graves erreurs.

Ainsi le mirage, décrit par Diodore (liv. III, 50), avait été, pendant des siècles, regardé comme un conte fabuleux,