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LIVRE I.

prêtres pour le maintenir. Osiris et Isis ont honoré les inventeurs des arts et ceux qui enseignent des choses utiles à la vie.

Après avoir trouvé, dans la Thébaïde, des forges d’airain et d’or, on fabriqua des armes pour tuer les bêtes féroces, des instruments pour travailler à la terre, et, avec le progrès de la civilisation, des statues et des temples dignes des dieux. Osiris aima aussi l’agriculture ; il avait été élevé à Nysa, ville de l’Arabie Heureuse et voisine de l’Égypte, où cet art était en honneur. C’est du nom de Jupiter, son père, joint à celui de cette ville, que les Grecs l’ont appelé Dionysus. Le poëte fait mention de Nysa dans un de ses hymnes où il dit : « Nysa assise sur une colline verdoyante, loin de la Phénicie et près des fleuves de l’Égypte[1].

On dit qu’il découvrit la vigne dans le territoire de Nysa, et qu’ayant songé à en utiliser le fruit, il but le premier du vin[2], et apprit aux hommes la culture de la vigne, l’usage du vin, sa préparation et sa conservation. Il honora Hermès qui était doué d’un talent remarquable pour tout ce qui peut servir la société humaine[3].

XVI. En effet, Hermès établit le premier une langue commune, il donna des noms à beaucoup d’objets qui n’en avaient pas ; il inventa les lettres et institua les sacrifices et le culte des dieux. Il donna aux hommes les premiers principes de l’astronomie et de la musique ; il leur enseigna la palestre, la danse et les exercices du corps. Il imagina la lyre à trois cordes, par allusion aux trois saisons de l’année ; ces trois cordes rendent

  1. Fragment d’un hymne d’Homère.
  2. Selon quelques historiens, il n’y avait pas de vigne en Égypte ; les naturels du pays faisaient usage ou de vins étrangers ou d’une boisson faite avec de l’orge fermentée et semblable à la bière, s’il faut en croire Hérodote, liv. II, 77 ; et III, 6. Les rois d’Égypte antérieurs à Psammitichus n’avaient jamais fait usage de vin, liqueur qui, selon les traditions mythologiques, provenait du sang des impies qui jadis avaient fait la guerre aux dieux. Cependant, il résulte des témoignages du Pentateuque (Nombres, XX, 5), de Strabon (XVII, p. 1163), de Pline (XIV, 7), d’Athénée (I, p. 33), que la culture de la vigne n’était pas tout à fait inconnue en Égypte.
  3. Quant au Thot, ou Mercure des Égyptiens, voyez Platon, Phileb., p. 18, Phœd., p. 274 ; Cicéron. de Natura Deorum, III, 21 ; et mon Histoire de la Chimie, t. I.