Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/35

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non pas s’il changerait la monnaie, mais par quel moyen il se rendrait plus illustre, il reçut l’oracle dont nous avons parlé.

Étant venu à Athènes, il prit les leçons d’Antisthène ; & quoique celui-ci le rebutât d’abord, ne voulant point de disciples, il le vainquit par son assiduité. On dit qu’Antisthène menaçant de le frapper à la tête avec son bâton il lui dit : Frappe, tu ne trouveras point de bâton assez dur pour m’empêcher de venir t’écouter. Depuis ce temps-là il devint son disciple, & se voyant exilé de sa patrie, il se mit à mener une vie fort simple. Théophraste, dans son livre intitulé Mégarique, raconte là-dessus, qu’ayant vu une souris qui courait, & faisant réflexion que cet animal ne s’embarrassait point d’avoir une chambre pour coucher, & ne craignait point les ténèbres, ni ne recherchait aucune des choses dont on souhaite l’usage, cela lui donna l’idée d’une vie conforme à son état. Il fut le premier, selon quelques-uns, qui fit doubler son manteau, n’ayant pas le moyen d’avoir d’autres habillements, & il s’en servit pour dormir. Il portait une besace, où il mettait sa nourriture, & se servait indifféremment du premier endroit qu’il trouvait, soit pour manger, soit pour dormir, ou pour y tenir ses discours ; ce qui lui faisait dire, en montrant le Portique de Jupiter, le Pompée, que les Athéniens lui avoient bâti un endroit pour passer la journée. Il se servait