Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/163

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appris chacun de ces arts ; et ainsi pour tout le reste ; l’homme n’est pas l’art, mais il est l’artisan.

« Platon dit, dans la théorie des idées, que du moment où la mémoire existe, il s’ensuit que les idées existent également, car la mémoire ne peut avoir pour objet que des choses durables et persistantes, et les idées seules ont ce caractère. Comment, dit-il, les animaux pourraient-ils se conserver s’ils n’avaient pour guides les idées, et si la nature ne leur eût donné une intelligence capable de les percevoir ? En réalité, ils savent reconnaître les objets semblables, distinguer la nourriture qui leur est propre, preuve évidente que la notion de similitude est innée dans tous les animaux. C’est en vertu de cette même notion qu’ils reconnaissent les animaux de même espèce qu’eux.

« Écoutons maintenant Épicharme :

« La sagesse, cher Eumée, n’est pas propre à un seul être ; tout ce qui vit est doué d’intelligence. Examine avec soin : la poule ne produit pas de poulets vivants ; elle couve ses œufs, et leur donne ainsi la vie. La nature seule sait que cela doit être ainsi, et c’est elle qui l’enseigne à l’animal.

« Et ailleurs :

« Ne vous étonnez pas si je dis que les animaux s’admirent entre eux et se trouvent beaux ; le chien est le plus beau des animaux pour le chien, le bœuf pour le bœuf, l’âne pour l’âne, le pourceau pour le pourceau. »

Alcimus cite encore, dans ses quatre livres, beaucoup de passages du même genre pour montrer combien Platon doit à Épicharme. Du reste, les vers suivants, dans lesquels Épicharme prédit qu’on marchera un jour sur ses traces, prouvent qu’il comprenait lui-même toute la portée de ses enseignements :