Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/22

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tations suffiraient pour le faire absoudre ; les lettres et les maximes d’Épicure sont un véritable trésor ; elles portent, à ne pas s’y méprendre, le cachet du maître. J’ai comparé soigneusement cette partie du dixième livre avec les citations conservées par d’autres historiens, et surtout avec les fragments de la Physique d’Épicure, et je me suis convaincu que l’authenticité de ces opuscules ne saurait être contestée : l’embarras et le peu de précision du style, le vague des doctrines physiques et astronomiques répondent parfaitement à ce que nous savons d’ailleurs du système d’Épicure et de la rapidité avec laquelle il composait ses ouvrages.

Diogène de Laërte avait composé un autre ouvrage qui devait être en circulation à l’époque où il publia les Vies ; car il y renvoie à chaque instant. C’était un recueil d’épigrammes en vers de toute mesure πάμμετρον ; ce recueil est perdu, et ce qui nous en reste n’autorise pas de bien vifs regrets. J’ai cependant remarqué dans quelques-unes de ces épigrammes une tendance morale, assez surprenante chez un épicurien : le suicide, par exemple, est presque partout sévèrement condamné ; il dit dans la vie d’Anaxagore : « Anaxagore s’arracha la vie, par une faiblesse peu digne d’un philosophe. » Le même jugement se trouve exprimé dans les épigrammes sur Ménédème et Speusippe :

« Je sais ton sort, ô Ménédème ; je sais que tu as