Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/239

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parler sans ménagement à Alexandre et de mépriser ses ordres ; Aristote lui avait même dit à ce sujet :

Ta vie sera courte, ô mon fils, à en juger par ton langage[1].

C’est ce qui arriva en effet : Callisthène, ayant été impliqué dans la conspiration d’Hermolaüs contre Alexandre, fut enfermé dans une cage de fer et promené ainsi quelque temps, dévoré par la vermine et la malpropreté, puis jeté aux lions.

Aristote, de retour à Athènes, y dirigea son école pendant treize ans et se retira ensuite secrètement à Chalcis pour se soustraire aux poursuites de l’hiérophante Eurymédon ou, suivant d’autres, à celle de Démophile. Hermippus dit, dans les Histoires diverses, que Démophile l’accusait en même temps pour l’hymne à Hermias dont nous avons parlé et pour l’inscription suivante qu’il avait fait graver à Delphes sur la statue de ce tyran :

Le roi de Perse, armé de l’arc, l’a tué traîtreusement, au mépris des lois divines de la justice. Il ne l’a point vaincu au grand jour, la lance à la main, dans un combat sanglant ; mais il a caché sa fourberie sous les dehors de l’amitié.

Eumélus dit, au cinquième livre des Histoires, qu’Aristote s’empoisonna à l’âge de soixante-dix ans. Il ajoute qu’il avait trente ans lorsqu’il s’attacha à Platon ; mais c’est une erreur, car il ne vécut pas au delà de soixante-trois ans, et il en avait dix-sept lorsqu’il devint disciple de Platon.

Voici l’hymne en question :

Ô vertu, toi que poursuivent si péniblement les mortels,
Toi le but le plus noble de la vie ;

  1. Homère, Iliade, XVIII, 95.