Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/265

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pour l’avenir, il se moquait d’eux en disant qu’ils s’accusaient eux-mêmes et témoignaient par leurs vaines prières un inutile regret de leur paresse passée. Il disait que ceux qui ont l’esprit faux manquent le but dans leurs raisonnements, semblables à un homme qui voudrait mesurer une ligne droite avec une règle courbe, ou bien regarder son visage dans de l’eau trouble ou dans un miroir renversé. « Beaucoup de gens, disait-il encore, recherchent les couronnes de la place publique[1] ; mais bien peu prétendent à celles d’Olympie, pour ne pas dire personne. » Souvent il donna de bons conseils aux Athéniens et leur rendit de grands services. Ses vêtements étaient toujours d’une propreté irréprochable, et même, au dire d’Hermippus, il portait l’élégance et le luxe jusqu’à l’excès. Il prenait aussi beaucoup d’exercice, jouissait d’une santé vigoureuse et avait tout l’extérieur d’un athlète. Antigonus de Caryste prétend même que ses oreilles étaient meurtries et sa peau luisante ; aussi prétendait-on qu’il avait disputé le prix de la palestre et celui de la balle aux jeux iliaques, dans sa patrie.

Il était aussi avant que personne dans l’amitié d’Eumène et d’Attale, et recevait d’eux de magnifiques présents. Antigone essaya aussi, mais sans succès, de l’attirer à sa cour. Sa haine pour Hiéronymus le péripatéticien allait si loin, qu’il s’abstint seul de lui rendre visite à propos de la fête qu’il donnait pour l’anniversaire de la naissance d’Alcyon, fête dont nous avons parlé dans la Vie d’Arcésilas. Il dirigea pendant quarante-quatre ans, à partir de la cent vingt-huitième olympiade, l’école péripatéti-

  1. Les orateurs.