Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/286

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propres disciples à les suivre avec lui. Comme il habitait le Pirée, il lui fallait faire chaque jour un chemin de quarante stades pour venir entendre Socrate. Formé par lui à la patience et au courage, jaloux d’imiter sa noble impassibilité d’âme, il fonda l’école cynique et proclama que le travail est un bien en prenant pour exemple le grand Hercule parmi les Grecs et Cyrus chez les Barbares.

Il est le premier qui ait défini la définition : Une proposition qui fait connaître l’essence des choses. Il avait sans cesse ces mots à la bouche : « Plutôt être fou qu’esclave des plaisirs, » et « Il ne faut avoir commerce qu’avec les femmes qui doivent en savoir gré. »

Un jeune homme de Pont, voulant suivre ses leçons, lui demandait de quoi il avait besoin ; il répondit en jouant sur les mots : « D’un livre neuf, d’un style neuf et d’une tablette neuve ; » indiquant par là qu’il lui fallait avant tout de l’intelligence[1]

Un autre lui demandait quelle femme il devait prendre en mariage : « Si elle est belle, dit-il, tu n’en jouiras pas seul ; laide, tu en seras bientôt las. »

Il apprit un jour que Platon parlait mal de lui : « C’est le propre des rois, dit-il, d’être accusés pour le bien qu’ils font. »

Au moment où on l’initiait aux mystères orphiques, le prêtre lui dit que les initiés jouissaient d’une foule de biens aux enfers : « Pourquoi donc, reprit-il, ne meurs-tu pas sur-le-champ ? »

Quelqu’un lui reprochait de n’être pas né de deux personnes libres : « Je ne suis pas né non plus,

  1. Le mot καινοῦ, « neuf, » en le décomposant (καὶ νοῦ), signifie : « et d’intelligence : » « D’un livre et d’intelligence, d’un style, etc. »