Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/306

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Diogène, qui était présent, dit plaisamment à ce sujet : « Athlias d’Athlias, à Athlias, par Athlias[1]. »

Perdiccas l’ayant menacé de le faire mourir s’il ne venait le trouver, il répondit : « Tu ne ferais là rien de bien extraordinaire, car l’escarbot et la tarentule ont le même pouvoir ; la menace eût bien mieux porté si tu m’avais dit que sans moi tu vivrais heureux. »

On l’entendait souvent répéter que les dieux avaient mis sous la main de l’homme tout ce qu’il fallait pour vivre heureux, mais que l’homme ne l’apercevait pas, occupé qu’il était à courir après les tartes, les onguents et autres choses semblables. Il disait à ce sujet à un homme qui se faisait chausser par un esclave : « Tu n’es pas encore heureux, il faudrait aussi qu’il te mouchât ; mais cela viendra quand tu auras perdu les mains. »

Voyant un jour les magistrats, appelés hiéromnémones, emmener un homme qui avait volé une fiole, il dit : « Les grands voleurs emmènent le petit. »

Une autre fois il vit un jeune garçon lancer des pierres contre une croix : « Courage, lui dit-il, tu atteindras au but. »

Des jeunes gens l’avaient entouré et lui disaient : « Nous prendrons bien garde que tu ne nous mordes. — Ne craignez rien, mes enfants, reprit-il, le chien ne mange pas de betteraves[2]. »

Voyant un homme tout fier d’une peau de lion qui couvrait ses épaules, il lui dit : « Cesse de déshonorer les insignes du courage. »

On disait un jour devant lui que Callisthène était fort heureux de partager les somptueux repas d’Alexan-

  1. Jeu de mots qui porte sur le sens d’ἄθλιος, « malheureux, misérable. »
  2. La betterave était l’emblème de la fadeur.