Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/385

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santé, le plaisir, la beauté, la force, la richesse, la réputation, la noblesse ; de l’autre, la mort, la maladie, la douleur, la laideur, la faiblesse, la pauvreté, une vie sans gloire, une naissance obscure et toutes les choses de ce genre. On lit en effet dans Hécaton, au huitième livre de la Fin, dans la Morale d’Apollodore et dans Chrysippe, que ce ne sont pas là des biens, mais des choses indifférentes, de celles qu’ils désignent sous le titre d’avancées vers le bien[1]. Car de même que le propre de la chaleur est de réchauffer et non de refroidir, de même aussi le propre du bien est d’être utile et non de nuire ; mais la richesse et la santé peuvent tout aussi bien être nuisibles qu’utiles ; elles ne sont donc pas des biens. D’ailleurs, ce dont on peut faire un bon et un mauvais usage n’est pas un bien ; on peut faire un bon et un mauvais usage de la santé et de la richesse, d’où il suit que ce ne sont pas des biens. Cependant Posidonius les met au nombre des biens ; mais Hécaton, au dix-neuvième livre du traité des Biens, et Chrysippe, dans le livre du Plaisir, n’admettent pas même le plaisir au rang des biens. Ils se fondent sur ce qu’il y a des plaisirs honteux et que rien de honteux n’est bien.

Ils définissent l’utile : ce qui est conforme ou produit un mouvement conforme à la vertu ; le nuisible : ce qui est conforme ou produit un mouvement conforme au vice. Le mot indifférent est pris chez eux dans deux sens ; dans l’un il exprime ce qui ne contribue ni au bonheur ni au malheur, par exemple la richesse, la gloire, la santé, la force et les autres choses du même genre ; car on peut être heureux sans

  1. La santé n’est pas un bien, mais elle est plus près du bien que du mal ; la maladie est plus près du mal que du bien.