Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/434

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vieux alors. Quant à lui, jeune et désireux de s’instruire, il quitta sa patrie et se fit initier à tous les mystères des Grecs et des Barbares. Ainsi il alla en Égypte avec une lettre de recommandation de Polycrate pour Amasis. Antiphon dit, dans le traité des Hommes célèbres par leur vertu, qu’il apprit la langue égyptienne et s’aboucha ensuite avec les Chaldéens et les Mages. De là il passa en Crète où il descendit avec Épiménide dans l’antre de l’Ida[1]. Il avait également pénétré dans les sanctuaires de l’Égypte et étudié les secrets de la religion dans les ouvrages sacrés. Lors de son retour à Samos, il trouva sa patrie aux mains du tyran Polycrate, et se retira à Crotone en Italie. Législateur des Crotoniates, il inspira une si haute confiance, qu’on lui remit ainsi qu’à ses disciples, au nombre d’environ trois cents, les rênes de l’État, et bientôt la sagesse de leur administration fit de ce gouvernement une véritable aristocratie dans toute l’acception du terme.

Voici, d’après Héraclide de Pont, ce qu’il racontait lui-même sur son compte : il avait autrefois été Éthalide, que l’on disait fils de Mercure ; ce dieu lui ayant promis de lui accorder tout ce qu’il voudrait, excepté l’immortalité, il avait demandé à conserver pendant sa vie et après sa mort la mémoire de tout ce qui lui arriverait ; et en effet, vivant et mort, il avait gardé le souvenir de toutes choses. Il avait ensuite passé dans le corps d’Euphorbe et avait été blessé par Mélénas ; aussi Euphorbe déclarait-il qu’il avait été précédemment Éthalide, que Mercure lui avait donné la conscience des migrations de son âme, et qu’il se rappelait dans quelles plantes, dans quels animaux elle avait

  1. Consacré à Jupiter qui y avait été élevé.