Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/439

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

c’est qu’ils ont une âme comme nous et des droits égaux aux nôtres ; mais ce n’était là qu’un prétexte ; en réalité il défendait l’usage de ce qui avait eu vie dans un but tout différent : il voulait que les hommes, habitués à une nourriture simple, se passant de feu pour leurs aliments et ne buvant que de l’eau pure, pussent par cela même subvenir plus facilement à leurs besoins. Il croyait d’ailleurs ce genre de vie utile et à la santé du corps et à la vigueur de l’esprit. Le seul autel où il sacrifiât était celui d’Apollon générateur, à Délos, derrière l’autel de corne, parce qu’on n’y offrait que du froment, des gâteaux non cuits, et qu’on n’y immolait pas de victimes, ainsi que l’atteste Aristote dans le Gouvernement de Délos.

Il enseigna le premier, dit-on, que l’âme parcourt, sous l’empire de la nécessité, une sorte de cercle, et est unie successivement à divers animaux. Le premier il donna aux Grecs les poids et mesures, au dire d’Aristoxène le musicien. Il fut aussi le premier, suivant Parménide, à constater que Vesper et Lucifer sont un même astre. Il excita une telle admiration que ses disciples croyaient fermement que tous les dieux venaient s’entretenir avec lui. Il déclare lui-même dans ses écrits avoir passé deux cent sept ans aux enfers avant de venir au milieu des hommes. Les Lucaniens, les Picentins, les Messapiens et les Romains accouraient vers lui et suivaient assidûment ses leçons. Cependant jusqu’à Philolaüs, les dogmes pythagoriciens étaient restés secrets ; c’est lui qui publia les trois livres fameux que Platon écrivait à un de ses amis de lui acheter cent mines. On ne comptait pas moins de six cents disciples qui venaient la nuit écouter ses leçons, et lorsqu’on avait été admis à l’honneur de le voir on en faisait part à ses amis comme d’une faveur signalée.