Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/448

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

blent aux parties honteuses, ou même aux portes de l’enfer, car c’est le seul légume dont l’enveloppe n’ait pas de nœuds, soit parce qu’elles dessèchent les autres plantes, parce qu’elles représentent la nature universelle, enfin parce qu’elles servent aux élections dans les gouvernements oligarchiques.

Il interdit de ramasser ce qui tombe de la table pour habituer à manger avec tempérance, ou bien encore parce que cela est destiné aux morts. Ce qui tombe de la table est pour les héros, suivant Aristophane ; car il dit dans les Héros :

Ne goûtez point à ce qui tombe de la table.

Il défendait de manger les coqs blancs parce qu’ils sont consacrés au dieu Mêne[1] et servent aux supplications, cérémonies où l’on n’emploie que des animaux réputés bons et purs. Ils sont consacrés à Mêne parce qu’ils annoncent les heures. Il interdisait également les poissons consacrés aux dieux sous prétexte qu’il ne convient pas plus de servir les mêmes mets aux hommes et aux dieux que de donner la même nourriture aux hommes libres et aux esclaves. Il enseignait que le blanc tient de la nature du bien et le noir de celle du mal. Il ne voulait pas qu’on rompît le pain, parce qu’autrefois les amis se réunissaient autour d’un même pain, ce qui a lieu encore aujourd’hui chez les barbares ; il disait qu’ils ne doivent pas diviser le pain qui les réunit. Les uns voient là un symbole du jugement dans les enfers ; les autres l’expliquent en disant que cette pratique énerve l’âme dans les combats. Selon d’autres, cela signifie que l’union préside au gouvernement de l’univers.

  1. Μήν, mensis, « le mois. »