Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/558

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Il faut admettre aussi, en prenant pour guide le raisonnement qui nous découvre les choses invisibles aux sens, que les grandeurs les plus petites, celles qui ne sont pas composées et forment la limite extrême de l’étendue sensible, sont la mesure première des autres grandeurs qui ne sont dites plus grandes ou plus petites que par leur rapport avec celles-là ; car les rapports qu’elles soutiennent avec les particules non sujettes à transformation, suffisent pour leur donner ce caractère de mesure première ; mais elles ne peuvent pas, comme les atomes, s’agréger et former des complexes en vertu d’un mouvement propre.

De plus, il ne faut pas dire, à propos de l’infini, que tel point en est le plus haut ou le plus bas, car le haut et le bas y doivent être reportés à l’infini. Nous savons en effet que si, voulant déterminer l’infini, nous concevons un point au-dessus de notre tête, ce point, quel qu’il soit, ne nous paraîtra jamais avoir le caractère en question ; autrement, ce qui serait situé au-dessous du point conçu comme la limite de l’infini, serait en même temps, et par rapport à ce même point, haut et bas ; ce qu’il est impossible de concevoir.

Il suit de là que la pensée ne peut concevoir qu’un seul mouvement de translation, de bas en haut, à l’infini, et un seul mouvement de haut en bas ; de bas en haut quand bien même l’objet en mouvement, allant de nous aux lieux situés au-dessus de notre tête, rencontrerait dix mille fois les pieds de ceux qui sont au-dessus de nous ; de haut en bas quand bien même il se porterait vers la tête de ceux qui sont au-dessous


    montre qu’il n’est pas infiniment petit. En effet, comparons-le aux plus petites particules sensibles et tâchons d’abord de nous former une idée de ces dernières : pour cela il nous faut prendre un terme de comparaison dans les objets complexes et composés de parties. Faisant abstraction de tous les caractères autres que l’étendue, nous voyons que ces objets ont une dimension, les uns plus grande, les autres moindre, mesurant une étendue plus ou moins grande. La plus petite particule sensible aura donc une dimension ; elle mesurera la plus petite étendue sensible, c’est-à-dire qu’elle ne sera pas infiniment petite. Appliquant cette analogie à l’atome, on arrive à le concevoir comme mesurant la plus petite étendue possible, mais non comme n’ayant aucune étendue, ce que voulait prouver Épicure.