Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/567

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avons établis, surtout des plus essentiels. Ainsi il faut faire une attention scrupuleuse aux phénomènes présents et aux sensations, à celles qui sont générales pour les choses générales, aux sensations particulières dans les cas particuliers ; en un mot, il faut tenir compte de l’évidence immédiate que nous fournit chacune des facultés judiciaires. Moyennant cela nous reconnaîtrons aisément quelles sont les causes qui produisaient en nous le trouble et la crainte, et nous nous en affranchirons ; nous ramènerons à leurs causes les phénomènes célestes, ainsi que tous les autres phénomènes qui se présentent à chaque pas et inspirent au vulgaire d’inexprimables terreurs.

Voilà, cher Hérodote, l’abrégé que j’ai fait pour toi de ce qu’il y a de plus important dans la science de la nature. J’ai la ferme conviction que celui qui se laissera diriger par ces principes et les gardera fidèlement, même sans descendre à une étude approfondie des détails, aura sur les autres hommes une supériorité incomparable de caractère. Il découvrira personnellement un grand nombre de vérités que j’ai moi-même exposées dans l’ensemble de mes traités, et ces vérités, déposées dans sa mémoire lui seront d’un secours constant. Au moyen de ces principes, ceux qui sont déjà descendus aux détails et en ont fait une étude suffisante, ou même approfondie, pourront, en ramenant toutes leurs connaissances particulières à ces données générales, parcourir avec sécurité presque tout le cercle des connaissances naturelles ; ceux au contraire qui ne sont point encore arrivés à la perfection, ou qui n’ont pas pu recevoir de vive voix mon enseignement, pourront parcourir par la pensée l’ensemble des notions essentielles, et en tirer parti pour la tranquillité et le bonheur de la vie.

Telle est la lettre sur la physique. Voici maintenant celle sur les phénomènes célestes :

ÉPICURE À PYTHOCLÈS, SALUT.

Cléon m’a apporté ta lettre où tu continues à me témoigner une affection digne de l’amitié que j’ai pour toi. Tu mets tous tes soins, me dis-tu, à graver dans ta mémoire les idées qui contribuent au bonheur de la vie, et tu me pries en même temps de t’envoyer un abrégé simple et clair de mes idées sur les phénomènes célestes, afin que tu en gardes aisément le souvenir.