Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/587

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de l’âme ; ils veulent en conséquence qu’on les inflige au coupable. Épicure, au contraire, regarde celles de l’âme comme plus insupportables ; le corps, selon lui, ne ressent que la souffrance présente ; l’âme, au contraire, souffre du passé, du présent et de l’avenir. Les jouissances de l’âme sont également plus vives. Ce qui prouve, selon lui, que le plaisir est la fin de la vie, c’est que les animaux, dès qu’ils sont nés, sont attirés vers le plaisir et répugnent à la douleur, par pur instinct et sans aucun raisonnement. Nous fuyons naturellement la souffrance, semblable à Hercule qui, consumé par la fatale tunique,

Frémit, pousse des gémissements, et fait retentir de ses cris les rochers d’alentour, les montagnes de la Locride et les promontoires de l’Eubée.

Il enseigne encore que la vertu doit être recherchée non pour elle-même, mais en vue du plaisir, semblable à la médecine que l’on n’invoque qu’en vue de la santé. Diogène dit aussi, au vingtième livre des Opinions choisies, que le plaisir est la règle de la vie. Enfin, Épicure prétend que la vertu est la seule chose dont le plaisir soit inséparable, et que tout le reste peut n’être pas accompagné de plaisir, par exemple l’action de manger.

Il nous reste à mettre, pour ainsi dire, la clef de voûte à cet ouvrage et à la vie d’Épicure, en transcrivant ici ses Axiomes fondamentaux, de sorte que la fin de notre travail soit le commencement de la félicité.

L’être parfaitement heureux et immortel n’a ni souci ni inquiétude, et n’en donne point aux autres. Il n’a dès lors ni colère ni bienveillance ; car tout cela est le propre de la fai-