Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/614

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respire toujours l’enthousiasme et l’inspiration ; il n’expose point froidement, il met dans les écrits la passion qui l’anime. On rencontre çà et là dans ses divers traités les dogmes secrets des stoïciens et des péripatéticiens ; la métaphysique d’Aristote en particulier y est, en quelque sorte, condensée tout entière. Aucune des questions de la géométrie, de l’arithmétique, de la mécanique, de l’optique et de la musique ne lui était étrangère, et cependant il n’avait pas fait de ces diverses sciences une étude spéciale. Dans ses leçons, il lisait, à l’occasion, les commentaires de Sévérus, de Cronius, de Numénius, de Caïus, d’Atticus, ainsi que ceux des péripatéticiens Aspasius, Alexandre, Adraste, et d’autres encore ; mais il ne leur empruntait absolument rien. Pour la doctrine, il était toujours lui-même et original ; dans son exposition, on reconnaissait la manière d’Ammonius. Du reste, ses leçons n’étaient jamais bien longues ; quelques mots lui suffisaient pour faire comprendre les questions les plus abstraites, et il s’en tenait là. Origène étant un jour entré pendant qu’il parlait, il rougit et voulut s’arrêter ; pressé par lui de continuer, il répondit : « Toute ardeur s’éteint lorsque celui qui parle sait que ceux à qui il s’adresse connaissent ce qu’il doit leur dire ; » puis il termina brusquement son exposition et se leva.

XIV.

Je lus un jour, à l’occasion de l’anniversaire de Platon, un poëme sur le mariage sacré[1] : l’un des auditeurs, choqué sans doute du caractère mystique et

  1. Il s’agit ici du mariage mystique, de l’union des forces naturelles, par exemple du mariage de la terre avec le ciel, qui jouait un grand rôle dans les anciennes théogonies.