Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/92

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Silénus raconte, au premier livre des Histoires, qu’une pierre tomba du ciel sous l’archontat de Dimylus, et à ce sujet il dit que, suivant Anaxagore, le ciel tout entier est formé de pierres, que cette masse est maintenue par la rapidité du mouvement, et que, le mouvement cessant, elle s’écroulerait aussitôt.

Son procès est diversement rapporté[1] : « Sotion dit, dans la Succession des philosophes, qu’il fut accusé d’impiété par Cléon, pour avoir dit que le soleil était une pierre incandescente, et condamné à une amende de cinq talents et à l’exil, quoique Périclès, son disciple, eût pris sa défense. Satyrus dit au contraire, dans les Vies, que Thucydide, adversaire politique de Périclès, l’accusa tout à la fois d’impiété et de trahison[2], et le fit condamner à mort, en son absence. Comme on lui annonçait en même temps sa condamnation et la mort de ses enfants, il dit sur le premier point : « La nature avait depuis longtemps prononcé cet arrêt contre mes adversaires et contre moi ; » et à l’égard de ses enfants : « Je savais que je les avais engendrés mortels. » D’autres attribuent cette dernière réponse, soit à Solon, soit à Xénophon. Démétrius de Phalère rapporte aussi, dans le traité de la Vieillesse, qu’Anaxagore ensevelit ses enfants de ses propres mains. Hermippe, dans les Vies, rapporte autrement son procès : on l’emprisonna d’abord pour le faire mourir ; mais Périclès, s’étant présenté au peuple, demanda si l’on avait quelque chose à blâmer dans sa propre conduite ; comme on ne répondait rien, il s’écria : « Eh bien ! je suis disciple de cet homme ; gardez-vous de le mettre à mort sur d’in-

  1. Voir à ce sujet la thèse sur Anaxagore (Zévort, 1843 ), p. 15 et suiv.
  2. Mot à mot de Médisme,