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dans une série de tableaux hiéroglyphiques du temple d’Abydos[1], les prénoms d’un certain nombre de rois placés à la suite les uns des autres; et une partie de ces prénoms (les dix derniers) s’étant retrouvés sur divers autres monumens, accompagnés de noms propres, il en a conclu qu’ils sont ceux des rois qui portaient ces noms propres, ce qui lui a donné à peu près les mêmes rois et dans le même ordre que ceux dont Manéthon compose sa dix-huitième dynastie, celle qui chassa les pasteurs. Toutefois la concordance n’est pas complète : il manque dans le tableau d’Abydos six des noms portés sur la liste de Manéthon; il y en a qui ne ressemblent pas ; enfin il se trouve malheureusement une lacune avant le plus remarquable de tous, le Rhamsès, qui parait le même que le roi représenté sur un si grand nombre des plus beaux monumens avec les attributs d’un grand conquérant. Ce serait, selon M. Champollion, dans la liste de Manéthon, le Sethos, chef de la dix-neuvième dynastie, qui, en effet, est indiqué comme puissant en vaisseaux et en cavalerie, et comme ayant porté ses armes en Chypre, en Médie et en Perse. M. Champollion pense, avec Marsham et beaucoup d’autres, que c’est ce Rhamsès ou ce Sethos qui est le Sésostris ou le Sésoosis des Grecs ; et cette opinion a de la probabilité, dans ce sens que les représentations des victoires de Rhamsès, remportées probablement sur les nomades voisins de l’Egypte, ou tout au plus en Syrie, ont donné lieu à ces idées fabuleuses de conquêtes immenses, attribuées, par quelque autre confusion, à un Sésostris ; mais dans Manéthon, c’est dans la douzième dynastie, et non dans la dix-huitième, qu’est inscrit un prince du nom de Sésostris, marqué comme conquérant de l’Asie et de la Thrace[2]. Aussi Marsham prétend-il que cette douzième dynastie et la dix-huitième n’en font qu’une[3]. Manéthon n’aurait donc pas compris lui-même les listes qu’il copiait. Enfin, si l’on admettait dans leur entier, et la vérité historique de ce bas-

  1. Ce bas-relief important est gravé dans le Voyage à Méroë, de M. Caillaud, tome II, planche XXXII.
  2. Syncell., page 59.
  3. Canon., page 353.