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d'Égypte de Buffon[1], et le tantalus ibis de Linné, dans sa douzième édition.

C’était encore à ce même oiseau que M. Blumenbach, tout en avouant qu’il est aujourd’hui très-rare, au moins dans la Basse-Égypte, assurait que les Égyptiens avaient rendu les honneurs divins[2]; et cependant M. Blumenbach avait eu occasion d’examiner des ossemens de véritable ibis dans une momie qu’il ouvrit à Londres[3].

J’avais partagé l’erreur des hommes célèbres que je viens de nommer jusqu’au moment où je pus examiner par moi-même quelques momies d’ibis.

Ce plaisir me fut procuré, pour la première fois, par feu M. Fourcroy, auquel M. Grobert, colonel d’artillerie, revenant d'Égypte, avait donné deux de ces momies, tirées l’une et l’autre des puits de Saccara. En les développant avec soin, nous aperçûmes que les os de l’oiseau embaumé étaient bien plus petits que ceux du tantalus ibis des naturalistes ; qu’ils ne surpassaient pas beaucoup ceux du courlis ; que son bec ressemblait à celui de ce dernier, à la longueur près qui est un peu moindre, à proportion de la grosseur, et point du tout à celui du tantalus ; enfin, que son plumage était blanc, avec les pennes des ailes marquées de noir, comme l’ont dit les anciens.

Nous nous convainquîmes donc que l’oiseau que les anciens Égyptiens embaumaient n’était point du tout le tantalus ibis des naturalistes ; qu’il était plus petit, et qu’il fallait le chercher dans le genre des courlis.

Nous vîmes, après quelques recherches, que les momies d'ibis ouvertes avant nous par différens naturalistes, étaient semblables

  1. Planches enluminées, numéro 389, Histoire des Oiseaux, tome VIII, in-4o., page 14, planche I. Cette dernière figure est une copie de celle de Perrault, avec la même faute.
  2. Handbuch der Naturgeschichte, page 203 de l’édition de 1799 ; mais dans l’édition de 1807 il a rendu le nom d’ibis à l’oiseau auquel il appartient.
  3. Transactions philosophiques pour 1794.