Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
11 AVRIL 1880.

devoir amener, à brève échéance, la fin de l’administration actuelle ne semblent pas de nature à l’empêcher de donner suite à une proposition qu’elle considère comme efficace puisqu’elle l’a présentée ; tout au contraire elle doit désirer accomplir le plus rapidement possible les projets qu’elle a conçus et ne pas laisser à d’autres soit la faculté de les modifier, soit l’honneur de les réaliser. L’empressement que mettrait en cette circonstance le Cabinet dont Lord Beaconsfield est le chef serait la meilleure preuve de sa confiance dans la combinaison dont il est l’auteur et je ne puis hésiter à croire qu’il voudra, en se hâtant de donner suite dans l’ordre des faits à la pensée qu’il nous a communiquée, garder l’avantage d’avoir préparé, par une conception personnelle, la conclusion d’une affaire qui depuis le Congrès de Berlin préoccupe si vivement l’Europe. Je vous invite donc à insister de nouveau, en vous inspirant de ces considérations en même temps que de celles dont je vous ai entretenu à plusieurs reprises pour que le Gouvernement de la Reine saisisse dès à présent les Puissances de sa proposition sous une forme précise et catégorique et hâte ainsi, autant qu’il dépend de lui, la réunion de la Commission internationale.

87.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, aux Ambassadeurs de France à Londres, Berlin et Saint-Pétersbourg.

T.
Paris, 11 avril 1880, 1 h. 50 soir.

Après de nouveaux tiraillements, l’entente paraît s’être définitivement établie entre la Porte ottomane et le Monténégro sur le projet d’échange territorial que vous connaissez[1]. Le Chargé d’Affaires d’Italie m’annonce que la signature de l’acte préliminaire entre les deux parties a dû avoir lieu hier soir à Constantinople. Son Gouvernement attache de l’importance à ce que les formalités destinées à revêtir cet accord d’une sanction définitive soient accomplies sans retard, de peur que de nouvelles difficultés ne viennent une fois de plus compliquer la situation. Le Gouvernement austro-hongrois nous a également témoigné son désir de hâter autant que possible l’accomplissement de ces formalités.

  1. L’acte préliminaire fut signé le 12 avril et le territoire de Goussigné-Plava concédé au Monténégro par le traité de Berlin restait à la Porte qui remettait en échange d’autres territoires délimités par une ligne bleue sur une carte annexée au mémorandum signé par les plénipotentiaires ottoman et monténégrin. Les détails de cette ligne frontière sont également indiqués dans le texte publié dans les Documents diplomatiques, affaires du Monténégro, Paris MDCCCLXXX, nos 70, 72 et en particulier dans l’annexe I.