Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/335

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« Ce Thomas Higgs, jeunes messieurs, est un… une personne…

— Ah ! fit Peter, persuadé que Raff était encore le plus fou de tous.

— Mieux qu’une personne… un ami que nous croyions mort depuis longtemps, et, si c’est le fabricant dont vous venez de nous lire par hasard le nom, cela prouverait qu’il est encore en vie ; de là nos émotions.

— Je vous garantis qu’il n’était pas mort il y a un mois, dit Ben. Je connais ce Thomas Higgs, de Birmingham. Sa manufacture n’est pas à quatre milles de la nôtre. C’est un original, très-habile dans sa profession, fort estimé, mais d’humeur très-sauvage. Il n’a pas du tout l’air d’un Anglais. Je l’ai vu souvent ; sa figure est belle et triste ; il a des yeux superbes, et un de ces regards qu’on n’oublie pas. C’est un artiste en son genre, il m’a fait un jour un magnifique buvard que je voulais offrir à ma sœur Jenny pour son jour de naissance. Il fabrique des portefeuilles, des étuis de télescopes et toutes sortes d’objets en cuir très-remarquablement travaillés. »

Raff tremblait d’émotion, et les yeux de dame Brinker étaient remplis de larmes de joie.

Le docteur Boekman, très-ému, arriva le soir même en compagnie de Hans qu’il avait ramené dans sa voiture. Il se fit répéter dix fois toute l’histoire, il semblait qu’il ne pût se lasser de l’entendre.

« Quel dommage que les jeunes messieurs soient partis ! dit dame Brinker. Peut-être qu’en se dépêchant on pourrait les rencontrer revenant de leur conférence, et le docteur tirerait du jeune Anglais des renseignements encore plus précis. »

Raff approuva d’abord de la tête. « La femme tombe toujours du premier coup sur la chose à faire, dit-il. Il serait bon, en effet, mynheer, que vous pussiez interroger