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Scène 2me.


LES MÊMES.
Marécot (arrivant tout effrayé).

Mes amis !… C’en est fait !…

Victor.

Comment !… Il n’est plus ?

Marécot.

Vous l’avez dit : l’ours a vécu… il n’a pas même voulu attendre la visite dès médecins.

Victor.

On a beau dire… cet ours-là n’était pas sans intelligence.

Marécot (d’un air détaché).

Oui, c’est une grande perte pour la ménagerie, car, à la cour on peut s’en passer.

Victor (surpris).

Comment, seigneur Marécot, vous qui l’aimiez tant ?

Marécot.

Je l’aimais… je l’aimais… je l’aimais comme tout le monde, quand le pacha était là ; je ne l’aurais pas dit de son vivant !… Mais c’était bien le plus vilain animal !… Et d’un caprice… des caprices… beaucoup de caprices… Moi qui étais attaché à sa personne, j’ai été à même de l’apprécier… Et Dieu merci, j’en dirais long, si ce n’était le respect qu’on doit aux gens qui ne sont plus en place.

COUPLET.
Air : Prenons d’abord l’air bien méchant.

Il joignait l’air d’un intrigant
À l’astuce d’un diplomate,
Et quoiqu’il fît le chien couchant,
Donnait souvent des coups de patte ;
Taciturne, il grognait toujours,
Et dans sa fierté monotone,
Sous prétexte qu’il était ours,
Monsieur ne parlait à personne.