Page:Dom Bougre aux États-généraux, ou Doléances du portier des Chartreux, 1791.djvu/12

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leurs propres femmes, c’eſt ordinairement un acte de deſpotiſme & de tyrannie de la part du mari ; ſi on le lui refuſe, il boude, il jure, il retranche la penſion, plus de ſpectacle, plus de promenade, & pis que cela, il fait jeûner le con, qui au bout de quelques tems, perſuade à ſon voiſin d’avoir pitié de lui.

Dirai-je qu’il eſt des hommes qui abuſent de la religion pour loyoliſer leurs femmes ; qui leur prouvent, lorſqu’elles n’ont pas d’enfans, qu’elles peuvent concevoir par l’anus, & que la thèſe d’un louis à la main, avec l’approbation de la Sorbonne, forcent la pauvrette à ſouffrir qu’on lui ſonde le boyau cuillier.

La troiſième eſpèce eſt de ceux qui enculent des mâles. La raiſon de la préférence qu’ils leur donnent ſur les femmes, eſt qu’on ne sert point un gigot ſans manche. Dans cette claſſe, il faut comprendre les écoliers, qui le font par poliſſonnerie, les ſoldats par défaut d’argent, les moines par néceſſité.

Quant aux bardaches, il eſt conſtant qu’ils ne le font que par avarice, puiſqu’ils n’ont aucun plaiſir & qu’ils s’expoſent au mépris & aux ſarcaſmes, bien plus que les bougres. On ſait que Volange diſoit à un acteur des Italiens, avec qui il avoit diſpute : mademoiselle, si je ne respectois notre sexe, je vous donnerois des coups de canne.

Les empereurs romains avoient condamnés les bougres & bardaches à la peine du feu. Pluſieurs pourtant d’entr’eux ne l’étoient pas mal, témoin ce Céſar, qu’on appelloit le mari de toutes les femmes, et la femme de tous les maris ; ce Tibère qui se faiſoit lêcher les couilles par des enfans ; ce Néron qui fît châtrer un