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Page:Donnet - Le Dauphiné, 1900.djvu/129

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le dauphiné.

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sixième de l’alpinisme méthodique. On commence par Chamrousse, on finit par la Meidje et le Chimborazo.

Chamrousse, dont le nom tient « à la couleur jaune de ses prés desséchés par le gel », marque le point extrême des masses herbues couronnant les hauteurs d’Uriage. Une croix est plantée à son sommet, au milieu d’un pré qui, en cette fin de juillet, est bleu avec ses gentianes et blanc avec ses anémones. Les moutons, par centaines, couvrent les pentes, tandis que leur berger, enveloppé dans son ample limousine, culotte des pipes, assis sur une pierre.

Le Grand Lac.

Par ce temps un peu gris, le ciel est tout d’une pièce, et sur ce fond embué la chaîne des monts de l’Oisans grandit encore, semble jaillir d’une terre de Titans. On les voit spectraux, fantomatiques — un rêve de l’Edda — chargés de glaces et de neiges, rangés autour du terrible Pelvoux qui les dépasse de la tête. Il y a là Taillefer, et l’Obiou, père du Trièves, et le Mont Inaccessible que ceinture la vallée du Drac…

Et soudain, plus rien : le sol manque. Un lac surgit — le lac Robert – enclos de roches nues, noirâtres, déchiquetées : un lac paisible, pris de sommeil… et plus bas, en contraste, l’Oursière, des eaux folles, déchaînées, bondissantes sur les marches de la gorge de Revel.

Bientôt, en suivant cette gorge, nous serons à Domène, un gros bourg plein d’usines, que le Doménon fait tourner. Des tas de bâtisses, l’église, la place Centrale, les pataches qui stationnent devant le café du Commerce,