ici, le ciel est dans le premier hémistiche et la mer dans le second : parallélisme de deux gammes dont l’une, montante, serait jouée de la main gauche, l’autre, descendante, de la main droite.
Mes yeux plongeaient plus loin que le monde réel,
ce monde réel déjà réduit à sa plus simple expression
par le vers précédent. Quel est ici, le mot essentiel ?
C’est plus loin, et vous voyez que le poète l’a placé
à l’endroit du vers qui est nécessairement le plus
accentué, à l’hémistiche.
Et, maintenant, le poète veut évoquer toutes ces
voix qu’il entend de l’âme, précisément parce qu’il a
dépassé le monde sensible... Mais il est déjà au quart
de son poème ; comment, sans en détruire les justes proportions,
les fera-t-il chanter toutes, en peu de mots ?...
Et les bois, et les monts, et toute la nature...
Cette conjonction et, répétée trois fois, par l’indéfini
qu’elle donne à l’énumération,
y aura suffi : deux fois dans la première moitié du vers, pour des voix
particulières, une fois dans la seconde, pour le choeur
entier... Je crois voir le chef d’orchestre faisant partir,
d’un signe à gauche, les violons, puis d’un signe à
droite, les cuivres, et, d’un geste plus large, enfin, des
deux mains étendues, déchaînant à la fois tous les instruments
de l’orchestre.
Les déchaînant ? Les appelant plutôt, non dans
toute leur force, mais dans toute leur douceur, en
sourdine. Car ce sont,ici, des voix qui chantent dans
le silence et comme en ajoutant encore à la majesté du
silence :
Et les bois, et les monts, et toute la nature,
Semblaient interroger dans un confus murmure...