Page:Dorian - Inconnu, paru dans Gil Blas du 3 au 7 mai 1904.djvu/22

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fait enlever la pièce de canon sur les mulets et tout le convoi de munitions, qui sort du village.

Les sections d’auxiliaires, qui ont tiré sur le colonel, ne sont pas au courant du complot et sont soupçonnées d’être fidèles aux ex-capitaines. Mais, voyant, ce qui se passe et comprenant la vérité, elles se joignent aux indigènes réguliers, qu’elles sentent les plus forts et les plus nombreux.

Le village est donc abandonné et dominé par toutes les troupes hostiles, sur les hauteurs de l’Ouest.

À un signal, des coups de fusil sont tirés en l’air. Voulet et Chanoine, qui font la sieste, réveillés, sortent brusquement de leurs gourbis.


La mort de Chanoine


Ils aperçoivent les indigènes, massés en ordre de bataille sur la colline. Comprenant ce qui se passe, Chanoine saute sur son cheval, tout sellé, sort par la porte Est du village, le contourne par le Nord, et se dirige, le revolver au poing, menaçant, sur la colline où sont massés les tirailleurs.

Il s’avance, en criant d’abord :

— Je vais vous ramener au Soudan, on ne vous dira rien !

Puis, ne recevant pas de réponse, il invective les tirailleurs, et décharge par trois fois son revolver sur eux. Il tue un cheval de spahis.

Il faut le dire, Chanoine est particulièrement détesté pour ses brutalités.

Chanoine est condamné. Une grêle de balles est la seule réponse des tirailleurs, et l’ex-capitaine et son cheval tombent sous un feu terrible. Chanoine meurt comme le malheureux colonel Klobb, deux jours auparavant.

Son cadavre est mutilé par les spahis, qu’il commandait plus spécialement.


La fuite de Voulet


Voulet a pris la brousse, dans la direction de l’Est, avec la femme de Chanoine (une Peuhl) et son interprète, sur l’invitation qui lui est faite de s’éloigner et de ne plus reparaître.

À ces conditions, il ne lui sera rien fait.

Le sergent Moussa Kaïta vient chercher les Sergents Bouthel et Tourot. Il leur dit qu’on ne leur veut aucun mal, et qu’ils reconduiront à Nafouta toute la colonne.

Cependant, les troupes mutinées pillent une partie du convoi, et remplacent les munitions qu’elles ont tirées sur leur chef, afin qu’on ne puisse reconnaître les coupables.