Page:Dorion - Vengeance fatale, 1893.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
131
VENGEANCE FATALE

dans un appartement tout à fait sourd et parfaitement seuls.

— Suivez-moi, alors, dans le soubassement, personne n’entendra ce que nous dirons, pas plus que ce que nous ferons. Pour vous en convaincre, vous n’avez qu’à demander à M. Puivert.

Et Edmond souleva la trappe que nous connaissons déjà pour y laisser passer ses nouveaux amis, en la compagnie desquels il ne se croyait pas cependant tout à fait à l’abri des dangers. Il s’était armé et comptait épier tous leurs mouvements.

— Je crois qu’il est inutile de refermer la trappe sur nous, fit Puivert, qui en conservait encore un souvenir désagréable.

— Je la laisserai ouverte si cela peut vous faire plaisir, dit Edmond.

Aussitôt qu’ils furent descendus dans cette espèce de cave, Darcy prit le premier la parole.

— Je vais, dit-il, à Edmond, vous mettre au fait d’un événement qui vous fera comprendre plus facilement la raison de notre présence ici cette nuit. Il y a environ vingt ans, Puivert et moi, nous nous rendions coupables d’un meurtre en enlevant la vie à une femme alors mère d’un jeune enfant, et à son domestique.

Il s’arrêta pour voir l’impression que ferait sur Edmond cette première confidence. La figure de celui-ci était restée complètement impassible.

— Vous voyez, reprit-il, que j’apporte une confiance complète en vous. Nous avons donc commis le crime que je viens de vous dire, et ce qui est plus grave, nous eûmes le tort de laisser vivre l’enfant. Il est juste de dire que cet attentat venait de nous créer une situa-