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VENGEANCE FATALE

ques secondes, mais je dois entretenir votre père d’une affaire pressante.

Mais Darcy ordonna immédiatement au cocher de partir sans l’attendre, disant qu’il retournerait à pied. La voiture disparut emportant Mathilde et Hortense seules.

— Que me voulez-vous donc, M. Marceau, fit Darcy d’un air maussade, en se tournant vers son interlocuteur. Comptez-vous me poursuivre jusqu’à l’église de votre compagnie ?

— Encore davantage, lorsque je serai votre gendre. Je voulais savoir si vous aviez entretenu mademoiselle Hortense de la proposition que vous deviez lui faire de ma part ?

— Pas encore.

— Pas encore ? Mais quand donc prétendez-vous lui en parler ?

— Quand cela me plaira.

— Quand cela vous plaira ?

— Oui, vous avez bien compris.

— Eh bien, je ne comprends pas. Si vous avez oublié nos conventions, je m’en souviens, moi. C’est sur la promesse que j’obtiendrais la main de votre fille que j’ai bien voulu me résoudre à me débarrasser de mon ami. Or cette condition, je la considère sine qua non. Sans son exécution je me sépare dès aujourd’hui d’avec vous, et loin de tuer Louis, je lui fais savoir tout ce que vous tramez en ce moment contre lui.

— Mais vous me pressez trop aussi, mon ami, répondit Darcy, rappelé à lui par cette menace.

— Je n’en désire pas moins que vous entreteniez Hortense de ce sujet à midi.